Rouen (76)
Dr Bruno Burel
L’État et l’assurance-maladie, incapables de rembourser correctement les patients, sonnent la mort de la médecine libérale.
Les propositions de Marisol Touraine ne feront que gonfler les déficits de l’assurance-maladie en confiant à des fonctionnaires de santé toujours plus nombreux des soins jusqu’alors réaliser à bas coûts par les médecins libéraux.
L’idéologie a pris le dessus et, pour justifier cet écrasement de la médecine libérale, les bonnes âmes attaquent les dépassements d’honoraires du secteur à honoraires libres.
Les 249 médecins de ce secteur II (sur 20 000 concernés) qui sont sortis au début d’année 2012 des ordinateurs de la Caisse nationale d’assurance-maladie, repérés comme auteurs d’abus potentiels de dépassements d’honoraires, sont presque tous sortis blanchis lorsque les dossiers ont été analysés par les caisses primaires d’assurance-maladie ou les conseils de l’Ordre des médecins.
Les seuls médecins de ce secteur à honoraires libres qui n’ont pas été inquiétés et qui n’ont pas vu leurs profils analysés sont les grands professeurs universitaires qui eux usent de dépassements conséquents (il est vrai que certains sont députés ou très proches du pouvoir).
Dévoilons la réalité : ce que les patients appellent « dépassements d’honoraires », c’est ce que l’État et la Sécurité sociale ne remboursent plus désormais. Les patients puisent de plus en plus dans leurs poches pour les prescriptions d’optique ou de soins dentaires mais également pour de nombreux médicaments ou actes médicaux déremboursés. Ces actes sont donc payés par les patients directement aux praticiens et les Français les nomment dépassements d’honoraires.
L’attaque contre le secteur II n’est qu’une manœuvre de diversion honteuse d’un pouvoir politique qui semble vouloir sacrifier la médecine libérale plébiscitée par les Français et qui est, selon toutes les études, la plus efficiente sur les plans économique et médical.
En l’absence de tarifs de Sécurité sociale compatibles avec une médecine de qualité, le secteur II a permis jusqu’à maintenant l’accès du plus grand nombre à tous les soins. Il existe très peu d’abus des médecins libéraux exerçant en secteur II. Il est possible d’y mettre fin.
La véritable arnaque est intellectuelle, politique et dogmatique. Elle est contraire aux intérêts des Français : il faut dénoncer la lâcheté de l’État et de certains confrères dans cet acharnement scandaleux, car sans objet et injustifiable, contre les médecins libéraux exerçant en secteur II.
Si la ministre poursuit la voie annoncée, la médecine française sera coupée en deux avec, d’une part, une médecine fonctionnarisée et déresponsabilisée et, d’autre part, une médecine non conventionnée à la charge entière des citoyens.
Si c’est l’objectif recherché, il faut que le pouvoir le dise clairement.
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