L'évaluation du statut nutritionnel devrait faire partie intégrante de l'évaluation gérontologique standardisée.
L'évaluation classique, comprenant des mesures anthropométriques, une enquête alimentaire et un bilan biologique, reste longue et coûteuse, mais on peut, en première intention, peser le patient et faire appel à des tests simples tels que : MNA (Mini Nutritional Assessment), NRI (Nutritional Risk Index), Outil de H. Payette (chez les personnes âgées fragiles vivant à domicile), Pronostic Nutritional Index (utilisé en milieu chirurgical), ou SCALES (instrument qui dépend des résultats biologiques).
MNA : six items en deux minutes
Le MNA, questionnaire de dix-huit items qui permet d'étudier l'état de santé dans sa globalité et de guider l'intervention nutritionnelle, est corrélé à la morbi-mortalité, à la durée de l'hospitalisation et à son coût, mais aussi à l'autonomie des sujets, au risque d'escarres, au placement éventuel en institution. Récemment, six items de MNA ont été validés comme une partie du dépistage pouvant être effectuée en deux minutes.
En cas de déficit d'apport dû à l'anorexie, il faut en identifier les causes, souvent multiples et imbriquées. La sénescence peut jouer un rôle dans la diminution de la prise alimentaire, étant donné les modifications physiologiques liées à l'âge (excès de relaxation antrale responsable d'une sensation précoce de satiété, augmentation de la sécrétion de la cholécystokinine et de cytokines).
La dépression et la démence
Toutefois, les principales causes de l'anorexie chez le sujet âgé sont la dépression et la démence, d'où la nécessité de lutter contre l'isolement (grâce à l'accompagnement social), tout en proposant des repas variés et goûteux. Comme l'a souligné le Pr J.-E. Morley, il faut toujours penser à rechercher une cause iatrogène et éviter les régimes inutiles ou excessifs.
Parmi les thérapeutiques adjuvantes, l'oxoglurate d'ornithine est susceptible d'influer sur l'état nutritionnel ainsi que d'exercer un effet sur la cicatrisation, indépendamment de l'apport azoté qu'il réalise : c'est un précurseur de la glutamine, de l'arginine, des polyamines et de la proline. Concernant la glutamine, dont la disponibilité deviendrait insuffisante lors d'une pathologie évolutive catabolisante, elle joue un rôle dans la régulation du métabolisme azoté et de l'homéostasie acido-basique, et constitue le substrat préférentiel des cellules à multiplication rapide comme les entérocytes ou les cellules immunitaires. Quant à l'arginine, elle favorise la réponse immunitaire ainsi que les sécrétions hormonales (hormone de croissance, insuline).
Des études cliniques portant sur l'efficacité d'un apport nutritionnel de l'oxoglurate d'ornithine ont montré une amélioration tant de l'état nutritionnel que de la cicatrisation chez les brûlés, une diminution de l'incidence des complications chez les patients opérés, une amélioration des escarres et une amélioration de l'albuminémie et de l'appétit chez les sujets en malnutrition chronique. Selon le Pr J. Belmin, dans la plupart des études, la supplémentation par l'oxoglurate d'ornithine apparaît comme stabilisante du poids des sujets traités par rapport au groupe de contrôle. Ces études laissent penser que la voie orale devrait toujours être encouragée en gériatrie. On entrevoit qu'il faut agir vite pour éviter le cercle vicieux, en sachant qu'une supplémentation à elle seule ne peut résoudre le problème de dénutrition protéino-énergétique car d'autres stratégies sont indispensables, sans oublier le respect des souhaits du patient qui doit participer, note le Dr M. Ferry.
Symposium organisé par les Laboratoires Chiesi SA dans le cadre du 1st Congress of the International Academy on Nutrition and Aging, avec la participation des Prs B. Vellas (Toulouse), F. Piette (Paris), J.-E. Morley (Etats-Unis), J. Belmin (Paris) et des Drs S. Lauque (Toulouse) et M. Ferry (Valence).
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