Dans une lettre à « Nature », les virologues du centre Erasmus de Rotterdam exposent leurs expériences d'inoculations animales du coronavirus nouvellement détecté chez des singes macaques. En effet, pour vérifier le postulat de Koch - adapté par Rivers aux maladies virales -, il est indispensable de pouvoir reproduire la maladie dans un modèle animal, de réisoler le virus chez cet animal et de mettre en évidence une réaction immune spécifique avant de pouvoir conclure formellement à la causalité d'un virus dans une maladie nouvellement diagnostiquée.
Les néerlandais ont inoculé deux singes macaques avec des virus isolés chez des patients de Hong Kong et mis en culture sur des lignées cellulaires spécifiques (Vero cells). Ils ont ensuite suivi cliniquement, biologiquement et immunologiquement ces animaux jusqu'à six jours après l'inoculation, date à laquelle ils ont été sacrifiés.
Les deux animaux ont montré des signes d'asthénie dès le troisième jour postinoculation et ils ont tous deux développé des signes de rash cutané. Seul l'un des deux singes a présenté des signes de détresse respiratoire après quatre jours d'évolution de la maladie. Une excrétion virale a été mise en évidence par examen direct et PCR entre le deuxième et le sixième jour au niveau du nez et de la gorge. Une séroconversion a été détectée au quatorzième jour chez deux autres singes inoculés dans un second temps.
A l'examen autopsique, les virologues ont retrouvé des lésions multifocales pulmonaires chez l'un des deux singes, et ils ont pu mettre en évidence à l'examen direct du coronavirus sur un prélèvement pulmonaire. Histologiquement, les deux macaques présentaient des lésions interstitielles à l'examen anatomopathologique et, chez l'un d'eux, une nécrose interstitielle, la présence d'un infiltrat interstitiel par de la fibrine, des érythrocytes, des macrophages et des neutrophiles a été découverte. Ce type de lésions est en tous points similaire à celles rapportées sur des examens post-mortem de patients atteints de SRAS.
Pour les auteurs, « l'ensemble de ces observations répond au postulat de Koch et il est donc possible que le coronavirus nouvellement diagnostiqué soit l'agent étiologique principal du SRAS ». Néanmoins, il est impossible pour l'instant d'exclure le fait que d'autres pathogènes - le métapneumovirus ou chlamydia pneumoniae - jouent un rôle d'exacerbation de la maladie chez les patients atteints par le coronavirus.
« Nature », vol. 423, 15 mai 2003.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature