Trois mille neuf cent trente deux questionnaires envoyés, mille neuf cent trente et un retournés, soit un taux de réponses de plus de 49 % : l'union régionale des médecins libéraux (URML) de la région Centre s'enorgueillit d'avoir mené une enquête « d'une ampleur exceptionnelle ».
Selon le Dr Dominique Engalenc, responsable de la commission démographie de l'URML, qui a analysé les résultats de cette consultation, « l'enquête confirme que la région va rapidement entrer dans l'ère de la pénurie de médecins et montre une tendance durable : la nécessité de gérer cette pénurie ». Autre enseignement de cette enquête, et qui va de pair avec le constat précédent, la charge de travail des médecins de la région est lourde : les médecins du Centre, généralistes et spécialistes confondus, réalisent en moyenne 118 actes hebdomadaires, et un tiers d'entre eux travaille 6 jours par semaine. Du coup, la disponibilité laissée par l'exercice professionnel s'en ressent : elle est estimée bonne ou très bonne par seulement 25 % des médecins, alors que 75 % la jugent faible ou très faible.
Côté loisirs, la grande majorité des médecins prend malgré tout le temps de partir en vacances (en moyenne entre 4 et 5 semaines par an), et si 35 % des médecins se font remplacer, seulement 16 % d'entre eux trouvent facilement un remplaçant. De plus, pour 79 % des généralistes qui ont répondu à l'enquête, l'accès des patients aux spécialistes est jugé « très problématique ». Ils citent en premier lieu, parmi ces spécialistes difficiles d'accès, les ophtalmos, puis les gynécologues et les psychiatres. La majorité des généralistes estime que cette difficulté est due à l'allongement du délai de rendez-vous. Mais c'est sur la réduction d'activité et sur les projets de départ à la retraite que l'enquête est la plus alarmiste : 45 % des médecins, généralistes et spécialistes confondus, souhaitent réduire leur activité dans un délai de cinq ans, tandis que 15 % environ projettent de cesser totalement leur activité dans ce même délai, que ce soit pour partir à la retraite ou pour une réorientation professionnelle.
A noter que 52 % des généralistes envisagent de partir à la retraite entre 60 et 65 ans, 36 % entre 65 et 70 ans, tandis que les spécialistes sont 40 % à vouloir prendre cette retraite entre 60 et 65 ans, et 51 % à vouloir la prendre entre 65 et 70 ans. Tant et si bien que, fort logiquement, les médecins libéraux du Centre sont 80 % à être inquiets pour l'avenir de la médecine libérale en général, et 61 % à être inquiets des perspectives démographiques régionales.
En conclusion, le Dr Dominique Engalenc propose deux mesures urgentes à prendre : « L'augmentation du numerus clausus à la faculté de médecine de Tours et la mise en adéquation des formations enseignées avec les besoins de la région en spécialités médicales. » De plus, ajoute-t-il, la gestion de la pénurie de médecins « n'aura de cohérence que régionale », et cela ne pourra se faire que « grâce à une étroite coopération entre l'URML, les tutelles de la médecine libérale, les syndicats médicaux, l'Ordre des médecins et l'Université ».
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature