Jacqueline Girona, secrétaire générale du Conseil de l'Ordre national des sages-Femmes (CNOSF), Jean Langlois, président de l'Ordre national des médecins (CNOM), Jean Parrot, président du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens (CNOP), André Robert, président du Conseil national de l'Ordre des chirurgiens-dentistes (CNOCD) : les responsables des quatre Ordres nationaux de santé étaient présents à la réunion du MEDEC consacrée aux problèmes démographiques du monde de la santé.
Pour Jean Langlois, président du CNOM, « cette crise va s'accentuer, au point de la rendre gravissime dans les années 2010, si le recrutement des jeunes n'est pas dès maintenant élargi ». Jean Langlois pointe du doigt les raisons de la crise : « Numerus clausus insuffisant, vieillissement du corps médical, féminisation progressive et croissante, disparités entre omnipraticiens et spécialistes, répartition inadéquate des médecins sur le territoire, etc. » Et conclut que la mise en place « d'un observatoire permettant d'évaluer les effets de la démographie médicale est indispensable ». Pour les sages-femmes, Jacqueline Girona souligne que le numerus clausus de la profession est en croissance, mais elle ajoute : « On note 15 % d'abandon des étudiants en cours de formation ; de plus, l'augmentation du travail à temps partiel est passée de 12,5 % en 1985 à 30 % en 1997 ; enfin, 25 % des sages-femmes ont mis fin à leur activité avant l'âge de la retraite depuis 1998. » Jacqueline Girona constate les effets « d'une érosion progressive de la démographie des sages-femmes, qui s'inscrit dans un climat d'insatisfaction profonde sur le plan professionnel, et d'un manque de reconnaissance de leurs prérogatives ».
Jean Parrot, pour les pharmaciens, note tout d'abord qu'il manque 1 500 pharmaciens assistants d'officine et 700 pharmaciens des hôpitaux, et que, à partir de 2010, « les sorties professionnelles seront plus nombreuses que les entrées », avant d'appeler, lui aussi, de ses vux « la création d'un observatoire de la démographie des professionnels de santé, à la condition qu'il soit réellement indépendant ». Enfin, André Robert, au nom des chirurgiens-dentistes, s'étonne de ce que le rapport Berland ait préconisé un numerus clausus à 1 300 en 2007, alors qu'il ne sera que de 801, et craint qu'on assiste, venant notamment de pays sans numerus clausus, à « une arrivée massive de confrères étrangers ».
Entre pléthore et pénurie
L'intervention, par la suite, de Dominique Polton, directrice du CREDES, a permis, fort heureusement, de relativiser quelque peu ces constats alarmistes. Elle a procédé à un petit cours d'histoire contemporaine et rappelé que, dans les années quatre-vingt-dix, les alarmistes ne redoutaient pas une pénurie de médecins, mais, tout au contraire, une pléthore. Une note de la CNAM de 1988 sur la démographie médicale indiquait à l'époque que « baisser le numerus clausus est insuffisant, il faut aussi favoriser les reconversions » ; en 1990, le rapport Philippe Lazar soulignait « le nombre trop élevé de médecins », et pronostiquait : « Ce large excès va poser des problèmes. » Quant au rapport Coudreau en 1997, il notait que le mécanisme d'incitation à la cessation d'activité (MICA) « n'a pas sorti suffisamment de médecins du marché ».
Sans minimiser les problèmes actuels, Dominique Polton émet le vu « qu'on ne tombe pas aujourd'hui dans le même alarmisme collectif sur la pénurie, qu'hier sur la pléthore ».
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