Toute spécialité médicale s'impose des remises en question périodiques au sujet de la démographie des spécialistes qu'elle forme dans un espace géographique donné. La limitation très sélective du nombre de spécialistes formés (numerus clausus) possède le double avantage d'un élitisme des compétences des diplômés, assorti d'une augmentation de leurs revenus, mais présente l'inconvénient d'une possible pénurie professionnelle pour la population.
Cette navigation à vue pour les décideurs du niveau de sélectivité formative dispose d'une marge de manuvre d'autant plus étroite que le cursus de la spécialité en question est prolongé, forçant à des projections et/ou extrapolations démographiques à un horizon chronologique éloigné. La chirurgie orthopédique est un exemple typique d'une telle problématique, avec une durée de spécialisation du médecin déjà diplômé dépassant volontiers la demi-douzaine d'années.
La projection des décideurs universitaires doit de surcroît intégrer l'évolution des besoins de la population et d'éventuelles modifications des durées réglementaires du travail à l'horizon considéré.
Ainsi pour la chirurgie orthopédique, le vieillissement de la population induit une croissance prévisible de la demande des soins de 10 % environ à l'horizon 2010 et d'un peu moins de 20 % à l'horizon 2020. Compte tenu des effectifs en cours de formation, les réglementations de limitation du temps de travail peuvent-elles être introduites dans ce type d'activité professionnelle ?
Autre question, pour l'instant sans réponse : peut-on encourager l'hyperspécialisation des membres de la profession qui, certes, présente des avantages de qualité de soins, mais contribue à une contraction intrinsèque des effectifs ?
Ainsi, la chirurgie orthopédique n'échappe pas à de légitimes interrogations en matière de démographie médicale si l'on veut mettre à la disposition de la population des ressources humaines de soins en quantité suffisante tout en conservant aux compétences offertes un niveau suffisant de qualité.
D'après un entretien avec le Dr Jacques Caton(Lyon), Syndicat des chirurgiens orthopédistes
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