Le secteur de la santé est entré ces derniers jours dans une phase de concertations tous azimuts
qui donnerait presque le vertige. Sur la fin de vie, le « débat citoyen » voulu par le Comité d’Ethique a démarré le week-end dernier. Et, dans la plus grande discrétion, un panel de 30 personnes va plancher jusqu’à la mi-décembre sur la question du bien-mourir. Au même moment, débutent les réunions autour de la Stratégie Nationale de Santé. La première s’est tenue mardi à Rennes, avant 150 autres rendez-vous du même genre jusqu’en février ! Le remue-méninges concerne enfin la dépendance puisque Michèle Delaunay prendra le pouls des uns et des autres à partir de lundi.
Voilà pour le programme. La suite devrait en principe se concrétiser sous forme d’une loi de santé au printemps, d’un texte sur la fin de vie probablement avant l’été et d’une réforme de la dépendance à la fin 2014. Mais n’anticipons pas... Place donc, pour l’heure, à la démocratie sanitaire ! Le concept est à la mode. Il est censé donner la parole à la population. Mais comparé aux incertitudes du référendum, il n’y a pas photo ! Par les temps qui courent, mieux vaut consulter les « vrais gens » que les fichus électeurs ! La formule offre au surplus au moins trois avantages : dépassionner la discussion comme dans le cas de la fin de vie ; faire patienter son public quand on a pas un sou devant soi comme pour la dépendance ; préparer les esprits avant de trancher comme avec la Stratégie Nationale de Santé…
Cette dynamique du dialogue produit parfois le meilleur en terme d’appropriation de la situation par l’opinion. C’est vrai, en particulier en matière de santé. Car les sujets sont compliqués et nécessitent souvent une explication de texte. Mais, attention, en la matière, le pire n’est pas à exclure non plus. On a vu des pseudo- concertations qui, sur le tard, tournaient vinaigre. Qui ne se souvient, par exemple, des « forums régionaux » bidons qui ont précédé la brutalité du plan Juppé ? A l’inverse, le risque lorsqu’on donne la parole à Monsieur Toutlemonde ou à Mme Michu, c’est de se faire désavouer par la base. Que se passerait-il, par exemple, si le « jury citoyen » du CCNE préconisait la légalisation de l’euthanasie après que le rapport Sicard et le Comité d’Ethique y aient tourné le dos ? Reste le danger majeur qui consisterait à parler beaucoup pour, finalement, ne rien faire. Car la santé a besoin de réforme.
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