Dans le contexte de crises financières et étatiques, de conflits militaires et d’accident nucléaire, la période estivale fut sur le front de la santé dans notre Hexagone plutôt travailleuse et consensuelle. Ni grippe angoissante pour les populations et onéreuse pour les finances publiques, ni canicule pourtant redoutée avant l’été, n’ont bouleversé le fragile équilibre social français.
Notre espace politico-médiatique a d’abord bien été circonscrit par l’affaire du Médiator. La Loi concoctée par le Ministre de la santé en juillet va loin. Elle se veut sécuritaire sur l’usage des médicaments mais aussi globale. Elle dresse un nouveau procès contre l’industrie pharmaceutique et le médicament qu’elle produit. Si ce type de crise et de procès qui touche le médicament et la chimie n’est pas nouveau, le débat à venir dès cette rentrée est d’importance et ne doit pas être raté. Il engage des intérêts sanitaires et économiques importants. Sera traitée la question du financement des médicaments et les débats vont se focaliser sur la place de l’économie dans les choix de santé. Il devrait obliger les industriels et les Etats à mieux partager les revenus, les risques et la reconnaissance, chacun seul séparément étant incapables de faire progresser le système.
Il orientera - ou non - la France et l’Europe dans la course à la recherche et l’innovation médicale et favorisera le développement intellectuel et stratégique de l’université et du savoir en biomédecine.
Avec trois syndicats signataires d’une convention médicale qui introduit en médecine la notion si contestée de performance et la naissance du P4P* qui donne aux médecins des primes sur objectifs et indicateurs, le gouvernement et l’assurance maladie ont réussi à tordre la main « aux frères ennemis », CSMF, MG France et SML. A quelques mois de la présidentielle, le gouvernement cherche à désamorcer toute contestation médicale. La Loi HPST ayant fonctionné comme un « rouleau compresseur anti-docteurs », Xavier Bertrand, leur meilleur ami, pense avoir renoué avec les médecins libéraux.
Et toujours l’œil rivé sur le compte à rebours des échéances électorales, le voilà maintenant charger le très consensuel leader des commissions médicales d’établissement (CME) - le docteur Fellinger - d’une mission bons offices en direction de ses confrères hospitaliers « désorientés et démotivés », selon lui.
Tout cela suffira-t-il à mener la barque, sans trop de heurts jusqu’en mai 2012 ?
On peut en douter tant le champ des débats ouverts est immense.
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