Je ne crois pas une seule seconde que les problèmes démographiques que rencontrent toutes les professions de santé soient à l’origine de l’ardente préoccupation des pouvoirs publics pour la coopération interprofessionnelle. […]
Il est faux de prétendre que les médecins sont hostiles à toute coopération. L’histoire de nos professions le démontre avec un glissement progressif des compétences au fur et à mesure de la banalisation des techniques, de l’enrichissement de la formation initiale et continue. […]
Délégation de tâches et transferts de compétence ne sont pas une simple subtilité sémantique car cela recouvre à la fois les notions de formation mais aussi de responsabilité attachée à la réalisation de l’acte de soins. Les pharmaciens sont-ils d’accord pour engager leur responsabilité en renouvelant un traitement anti-hypertenseur ou une contraception sans aucun examen clinique sachant le nombre de fois où une consultation en apparence de routine pour ce type de renouvellement conduit dans nos cabinets à la découverte d’une complication ou d’une nouvelle pathologie ? Et cela veut-il dire que la consultation d’un patient porteur d’une pathologie chronique ne comporte plus l’analyse de l’adéquation des thérapeutiques à la lumière d’un examen clinique bien conduit ? Voilà qui va faire la fortune des avocats et des assureurs. […]
La mode est à s’enorgueillir d’expériences à l’appui des thèses que l’on veut imposer. C’est oublier que, spontanément, sur le terrain, les professionnels eux-mêmes procèdent aux coopérations et aux délégations de tâches en responsabilité partagée. […]
Je veux croire que les pouvoirs publics sont préoccupés jusqu’à l’angoisse par l’ardente nécessité de permettre aux médecins devenus une denrée rare de se recentrer sur leur cœur de métier. Ne serait-il pas plus efficace de les décharger des tâches administratives qui leur ont été transférées de toute part ? Est-il rentable de former en dix ans un médecin pour lui faire faire du secrétariat ? Mais peut être est-ce là une idée trop simpliste. g
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