BERTRAND DELANOË se succède à lui-même à la mairie de Paris, mais son représentant à la présidence de l'Assistance publique des hôpitaux de Paris (AP-HP), lui, change. Exit le communiste Alain Lhostis, dont l'étiquette rouge avait fait couler beaucoup d'encre lors de sa désignation en avril 2001. Place au socialiste Jean-Marie Le Guen, 55 ans, tout frais élu conseiller de Paris dans le 13e arrondissement, désormais chargé, au sein du conseil municipal, de la santé publique et des relations avec l'AP-HP.
Pour les élus communistes parisiens (qui perdent dans la bataille un poste d'adjoint sur les quatre de la précédente mandature), l'opération a tout d'un camouflet.
Sentant le vent tourner, Alain Lhostis insistait à la veille de son éviction sur le rôle par lui «joué dans la mise en oeuvre d'une politique de santé novatrice à Paris et pour la défense de l'hôpital public».
«De nouvelles réformes concernant le secteur de la santé et tout particulièrement l'hôpital sont annoncées par le président de la République et vont exiger une grande vigilance des élus locaux qui vont se retrouver en première ligne des attentes de la population et des personnels», mettait-il en garde.
La messe est maintenant dite. Un autre qu'Alain Lhostis présidera, au sein de l'AP-HP, à la destinée des réformes annoncées. Et, peut-être pour la première fois dans l'histoire de l'institution, ce sera un médecin. Le Dr Le Guen, pour l'instant, ne commente pas ses nouvelles fonctions. Tout au plus explique-t-il au « Quotidien » qu'il s'agit pour lui d'un «très grand honneur».
De la bouteille.
Du côté des professionnels ou des politiques, c'est l'adjectif « logique » qui revient le plus souvent pour commenter l'arrivée dans l'arène de Jean-Marie Le Guen. Il est vrai que le nouvel adjoint « santé » de Bertrand Delanoë apparaît à plusieurs titres comme «the right man at the right place». C'est d'abord un expert. «Il fait partie de ces élus qui ont de la bouteille dans le secteur, analyse Claude Pigement, responsable national du PS à la Santé. Sa nomination est un bon choix, mais aussi un choix naturel de quelqu'un qui a une expérience.» La carte de visite de Jean-Marie Le Guen est plus que remplie : aujourd'hui, il est responsable des questions de santé pour le groupe socialiste à l'Assemblée nationale (Assemblée dont il est également l'un des six vice-présidents), il est vice-président de l'office parlementaire d'évaluation des politiques de santé, membre titulaire du Haut Conseil pour l'avenir de l'assurance-maladie… Au sein du PS, il est membre de la commission santé que président Pascal Terrasse et Claude Pigement (mitterrandien, strauss-kahnien affiché, le Dr Le Guen a tout de même conseillé Ségolène Royal sur les dossiers santé en fin de campagne présidentielle).
L'hôpital, la ville, la prévention (Jean-Marie Le Guen a notamment travaillé à l'Assemblée sur l'obésité et sur la grippe aviaire), l'assurance-maladie… aucune de ces questions n'a de secret pour le nouveau « monsieur santé » de la mairie de Paris, et surtout pas l'inextricable chapitre des comptes. Tous les ans, le député de Paris décortique soigneusement chaque projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). Du point de vue des structures, cet ancien directeur médical de la MNEF est évidemment un fin connaisseur du monde des complémentaires.
A l'AP-HP, un médecin se réjouit : «Outre que c'est un expert, Jean-Marie Le Guen n'est pas doctrinaire. Il est gestionnaire. Géographiquement, il n'est pas sectaire non plus, il saura plaider l'équilibre entre Paris et la région Ile-de-France. Son arrivée est une très bonne nouvelle.»
Reste évidemment que, à l'hôtel de ville, les fonctions de Jean-Marie Le Guen ont leurs limites. D'abord parce que les textes ne lui donnent, nulle part, sauf en matière de prévention, une très grande latitude. Ensuite, parce que les relations ne sont pas forcément au beau fixe entre le nouvel adjoint et… le maire de Paris. Question de courants. Et d'ambitions personnelles.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature