Les drusen sont des dépôts extracellulaires qui s'accumulent sous l'épithélium pigmentaire de la rétine, sur la lame vitrée (membrane de Bruch). Leur apparition sur la macula et leur vitesse de progression sont en rapport avec la survenue et l'aggravation d'une dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA). La corrélation est si bien établie que l'existence de drusen sur la macula, en l'absence de trouble visuel, signe pour certains cliniciens un stade précoce de DMLA.
Des dépôts sur la macula
Ces drusen, qui peuvent être assimilés à des débris, sont également observés chez des personnes non porteuses de la maladie. Ils siègent, dans ce cas, à la périphérie de la rétine et non pas au niveau de la macula. A l'inverse, on sait que la DMLA peut être ralentie ou stoppée si les drusen cessent de progresser. A partir de cette constatation, des microbiologistes d'un institut d'ophtalmologie de Cleveland ont tenté d'expliquer le mécanisme moléculaire de la DMLA en identifiant les protéines en présence dans les drusen (protéome). Des microquantités de dépôts et de membrane de Bruch ont été prélevées puis analysées en chromatographie liquide. Les chercheurs ont sélectionné 129 protéines présentes à la fois dans les yeux des malades (n = 16) et dans les yeux des témoins (29 donneurs d'organe), tissus prélevés immédiatement après le décès de personnes âgés de 56 à 98 ans.
Le protéome
Des études immunocytochimiques, destinées à localiser ces différentes protéines au sein des drusen, ont révélé une différence de répartition entre les drusen de sujets non atteints et les drusen des sujets porteurs d'une DMLA. Les yeux « sains » avaient plus d'inhibiteur de métalloprotéase de type 3, de clusterine, de vitronectine et d'albumine sérique alors que les yeux malades contenaient plus souvent de la cristalline. Néanmoins, plus de 65 % des protéines étaient présentes indifféremment dans les yeux des deux types de donneurs. Les familles de protéines n'étaient donc pas un bon facteur d'identification. Les biologistes se sont alors intéressés au niveau d'oxydation des protéines en procédant à des analyses en Western.
Des phénomènes de remaniements oxydatifs ont effectivement été trouvés dans les drusen, tels que des association entre différentes protéines (inhibiteurs de métalloprotéase, vitronectine...) et des groupements carboxyéthyl pyrrole. Ce composé chimique, connu pour être uniquement généré par la dégradation de lipides contenant des docosahexaenoates, a permis de trouver une différence significative chez les malades : les radicaux carboxyéthyl pyrrole étaient plus abondants dans la lame vitrée des yeux atteints de DMLA et se concentraient dans les drusen. Une carboxyméthyl-lysine, autre produit né d'une transformation oxydative (oxydation terminale des hydrates de carbone), étaient aussi plus fréquemment retrouvée chez les malades.
Première cause de cécité
« Ces résultats sont fortement en faveur de l'existence de lésions oxydatives dans la pathogenèse de la DMLA, expliquent les biologistes .Les modifications structurelles des protéines oxydées pourraient jouer un rôle clé dans la formation des drusen. »
La DMLA est la première cause de cécité légale, chez les personnes de plus de 50 ans, dans les pays industrialisés. On n'en connaît toujours pas les facteurs déclenchants. Des hypothèses ont fait naître les drusen du réticulum pigmentaire de la rétine ou de la vascularisation choroïde. On a également incriminé un processus inflammatoire, médié par l'immunité (activation du complément...).
John W. Crabb et coll., « Proc Natl Acad Sci USA », early edition, 10.1073/pnas.2225511899.
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