EN 2004 HÉLÈNE SENN-FOULDS fit don au musée Malraux du Havre des 205 œuvres de la collection de son grand-père, Olivier Senn, amateur d’art éclairé et visionnaire. La collection est remarquable. Olivier Senn, né au Havre en 1864, était administrateur de sociétés cotonnières. Passionné d’art, il développa un goût très vif pour les peintres impressionnistes et l’art du paysage, ainsi qu’une curiosité pour les avant-gardes. Il acquit dans ses jeunes années les premières toiles de sa collection : trois œuvres de Camille Pissarro et une « Femme vue de dos » de Renoir. En 1905, son beau-père lui offrit le somptueux paysage fauve de Derain, Bougival.
Puis Senn continua à enrichir sa collection de peintures impressionnistes, pré-impressionnistes, néo-impressionnistes, nabis, fauves, ainsi que d’œuvres graphiques parmi lesquelles un très bel ensemble de dessins de jeunesse d’Edgar Degas. Ces derniers, une cinquantaine, sont réalisés selon des techniques très diverses – graphite, pierre noire, crayon, craies, mine de plomb, sanguine, huile sur papier, pastel, aquarelle.
Audace etclacissisme.
Outre des copies d’après l’antique et un dessin d’après Ingres (« l’Apothéose d’Homère »), on remarquera de nombreuses études présidant à la réalisation de toiles historiques que Degas exécuta au début des années 1860, après son retour d’Italie (fougueuses études pour « la Fille de Jephté », ou encore celles, magistrales, pour « Alexandre et Bucéphale »). On ne manquera pas les deux portraits de femmes, l’un de la sœur de l’artiste, Marguerite Degas (« Femme au bonnet orné de dentelle », vers 1860), l’autre d’une « Femme cousant » (vers 1868), ni les dessins de chevaux, ni surtout les pastels, somptueux et veloutés, parmi lesquels « Madame Camus au piano » et « Après le bain, femme s’essuyant », d’une douceur mémorable.
Face à ces œuvres de la collection Senn, celles provenant du musée d’Orsay (une quinzaine) sont non moins dignes d’intérêt. Il s’agit d’un ensemble de travaux autour de « Sémiramis construisant Babylone » (une huile, un pastel et 13 dessins).
L’art de Degas conjugue l’audace et le classicisme. Une ardeur, une ferveur habitent ces dessins dans lesquels se lisent à la fois la solide tradition héritée d’Ingres ou de Raphaël et une étonnante modernité, un souffle de vie énergique, une expressivité inégalée de la couleur et de la ligne.
Musée Malraux, 2, boulevard Clemenceau, tél. 02.35.19.62.62. Tlj sauf mardi, de 11 à 18 heures (sam et dim jusqu’à 19 heures). Jusqu’au 19 septembre.
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