« La sanction de l’interdiction d’exercer la médecine pendant une durée d’un an, dont six mois avec sursis, est prononcée à l’encontre des Prs Philippe Even et Bernard Debré ». Les conclusions de la décision de la chambre disciplinaire de première instance de l’Ordre des médecins d’Ile-de-France sont laconiques, et les attendus sévères.
Les deux hommes, qui avaient cosigné en septembre 2012 un brûlot intitulé « Guide des 4 000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux », s’en prenaient notamment aux allergologues, accusés de charlatanisme. Ceux-ci avaient pris l’affaire très au sérieux et avaient attaqué les auteurs devant l’instance disciplinaire ordinale.
Nombreux manquement à la déontologie
Les deux auteurs ont mis « gravement en cause la compétence et l’honnêteté de médecins, notamment allergologues et cardiologues », juge l’instance disciplinaire dans sa décision du 17 mars. Les Prs Debré et Even ont en outre suscité chez les patients « un sentiment de défiance à l’égard de leur médecin traitant ».
Pire, ils sont accusés d’avoir voulu donner à leur livre « un tour spectaculaire non dénué de visées commerciales ». La liste est longue des « manquements à la déontologie » dont les deux auteurs se sont, selon l’instance ordinale, rendus coupables.
Les deux auteurs peuvent faire appel de cette décision (ils ont un mois pour le faire). La peine ne sera éventuellement applicable qu’à l’extinction de tous les recours.
L’Ordre de Paris s’était associé à la plainte déposée, tout comme un certain nombre de praticiens allerogologues, sans oublier le Dr Alain Choux, généraliste (MEP) parisien, qui contestait pour sa part les allégations des auteurs sur les statines, accusées de plus enrichir les laboratoiress que de soigner les patients. L’audience du 21 janvier de la chambre disciplinaire, au cours de laquelle l’affaire avait été jugée puis mise en délibéré, avait fait salle comble.
Vocabulaire excessif
Si l’Ordre des médecins se garde bien, à ce stade, de commenter cette décision, le Pr Alain Even ne s’en prive pas. Pour le pneumologue à la retraite, la condamnation pour non-confraternité « peut se concevoir, car notre vocabulaire était excessif ».
Mais il ne comprend pas bien le rapport entre les griefs et la peine prononcée : « On nous accuse de non-confraternité, et on nous condamne, au nom d’un code de déontologie très ancien, à nous empêcher de voir nos patients », argumente-t-il.
Seul vrai regret de Philippe Even, la condamnation à la même peine de Bernard Debré. « Moi, je n’exerce plus, mais lui exerce encore un peu. Je suis embêté pour lui, car le passage incriminé sur les allergologues, c’est moi qui l’ai écrit entièrement, il n’y est pour rien ». Philippe Even assure qu’il va faire appel avec Bernard Debré, mais que s’il avait été seul condamné, il en serait resté là.
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