De notre correspondante
à New York
Le cancer de la prostate est le plus fréquent chez l'homme. De précédentes études avaient impliqué une région du chromosome 8 (8p22-23) dans son développement puisque des délétions de cette zone sont parfois trouvées dans les cellules cancéreuses de la prostate. De plus, des études de liaison, dans des familles héréditairement atteintes, ont trouvé un lien avec cette région chromosomique.
Dans ce secteur du chromosome 8 réside le gène MSR1 (macrophage scavenger receptor 1), codant pour un récepteur piégeur situé sur les macrophages. Ce récepteur permet à ces cellules immunes de fixer, absorber et éliminer les bactéries, les lipides oxydés et autres débris. Des mutations du gène MSR1, entraînant une incapacité du macrophage à jouer ce rôle de nettoyage, ont été liées il y a plus de 20 ans, à la formation des plaques d'athérome qui contribuent à la maladie coronarienne.
Une mutation du gène MSR1 pourrait, en empêchant le macrophage de lutter contre une infection prostatique, favoriser la formation de lésions inflammatoires prédisposant au cancer de la prostate.
Afin d'examiner si la mutation du gène MSR1 peut effectivement être impliquée, une équipe dirigée par le Dr William Isaacs (Johns Hopkins Medical institutions, Baltimore) a analysé le gène MSR1 dans plusieurs populations. Tout d'abord, un groupe de 159 familles atteintes de façon héréditaire d'un cancer de la prostate. Ils ont trouvé 7 mutations différentes du gène MSR1 dans 13 de ces 159 familles, soit chez plus de 8 % d'entre elles. Ils ont vérifié l'existence d'une coségrégation de ces mutations avec le cancer de la prostate.
Ils ont ensuite étudié une population d'hommes atteints sporadiquement du cancer de la prostate (n = 355) et d'hommes indemnes (n = 317). Les mutations du gène MSR1 ont été trouvées globalement 7 fois plus souvent chez ceux atteints que chez les autres. En cas d'origine européenne, des mutations de MSR1 ont été trouvées chez 4,4 % des sujets atteints et chez moins de 1 % des autres. Chez les hommes d'origine afro-américaine, une mutation a été trouvée dans 12,5 % des cas de cancer contre 1,8 %.
Le lien entre infections et cancer
Ces différences sont statistiquement significatives. Elles suggèrent, déclarent les chercheurs, « que le gène MSR1 pourrait jouer un rôle important dans la susceptibilité au cancer de la prostate, tant chez les hommes d'origine européenne qu'afro-américaine ».
« C'est la première fois que le gène MSR1 est lié au cancer », commente, dans un communiqué, le Dr Isaacs, « et le gène MSR1 pourrait faire le lien entre les infections et le cancer de la prostate d'une manière à laquelle nous n'avions pas pensé jusqu'ici ».
Les chercheurs préviennent toutefois que des études supplémentaires sont nécessaires pour vérifier ces associations.
« Nature Genetics », 16 septembre 2002.
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