Des scientifiques américains (hôpital pédiatrique St Jude) viennent de découvrir qu'une seul exemplaire défectueux du gène Dmp1 est suffisant pour provoquer l'apparition d'un lymphome à cellule B, chez la souris. Ce qui ouvre de nouvelles perpectives dans la recherche de coupables génétiques responsables d'un développement tumoral lorsque les suspects usuels font défaut.
Alors que la moitié des cancers humains ont des mutations du gène suppresseur de tumeur p53, l'autre moitié ne la contient pas. Chez un modèle murin de lymphome à cellule B, Charles Sherr et coll. ont mis en évidence que la mutation d'un seul allèle du gène Dmp1 conduit au lymphome au sein de cellules normales sans anomalies du gène p53.
Les chercheurs ont étudié la progression de la tumeur chez des souris transgéniques qui surexpriment spécifiquement l'oncogène Myc dans les cellules lymphoïdes B. Cette surexpression induit le développement du lymphome et donc la leucémie. Les tumeurs développées par ces souris transgéniques Myc, sont souvent porteuses de mutations du gène p53 ou Arf. Une cellule ainsi mutée perd ses mécanismes de régulation antiproliférative et est ainsi plus apte à se multiplier.
Cependant environ 25 % des lymphomes de ces souris transgéniques Myc ne présentent pas d'altération du gène p53 ou de ses protéines. Les auteurs y ont découvert l'existence d'un exemplaire défectueux du gène Dmp1. Mutation suffisamment puissante pour occasionner l'apparition de la tumeur. Le gène Dmp1 active l'expression de Arf qui, à son tour, dans des condition oncogéniques (telles que la surexpression de Myc) majore l'activité de p53 et joue un rôle de promoteur, soit pour l'arrêt du cycle cellulaire soit pour la mort cellulaire. Ainsi lorsque Dmp1 n'est pas fonctionnel, la voie du p53 est interrompue. En bloquant Dmp1, les cellules du lymphome gagnent un avantage de sélectivité et empêchent la sélection de la délétion Arf ou de la mutation p53 qui survient souvent au cours de la lymphogenèse induite par Myc.
Genes & Development, 14 novembre 2001
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