LES DECONVENTIONNEMENTS de médecins spécialistes (par exclusion ou sortie volontaire du règlement conventionnel minimal) se multiplient dans les départements de la Drôme et de l'Ardèche.
Il y a quelques semaines, la caisse primaire d'assurance-maladie (Cpam) de la Drôme avait prononcé le déconventionnement - pendant six mois à compter du 1er mai - de deux anesthésistes et d'un gynécologue-obstétricien de Valence, le Dr Jean-Paul Gauduchon, en raison de leurs dépassements tarifaires systématiques. La sanction du Dr Gauduchon avait incité les accoucheurs des deux maternités privées locales à menacer de faire grève, jusqu'à ce qu'une médiation du préfet de la Drôme parvienne à calmer le jeu (« le Quotidien » des 18 et 19 février et du 17 mars).
Puis, la Cpam de Privas, en Ardèche, a prononcé le déconventionnement de deux ophtalmologistes (dont l'un « avec sursis », précise la direction de la caisse) et surtout de deux gynécologues-obstétriciens d'Aubenas, là encore pour une période de six mois à partir du 1er mai. « Cela a mis le feu aux poudres », raconte le Dr Alain Casalengo, alors que les obstétriciens libéraux de Drôme-Ardèche avaient obtenu des caisses « des garanties morales » en présence du préfet.
Résultat : 22 spécialistes de secteur I, essentiellement des gynécologues médicaux et obstétriciens, s'apprêtent à déposer demain par huissier à la caisse de Valence leur lettre informant son directeur qu'ils se déconventionnent, à compter du 1er mai ou du 1er juin, selon les cas, jusqu'à la levée des sanctions sur leurs confrères et la mise en place d'un « secteur tarifaire unique à honoraires modulables garant d'une médecine libérale de qualité ».
« C'est une fronde qui gronde : nous allons aller jusqu'au bout parce qu'on a été grugés », prévient le Dr Casalengo. Cet obstétricien sait que les consultations ne seront plus remboursées que « 0,98 euro » à ses patientes, mais il reproche aux pouvoirs publics de « démobiliser une profession qui aimait son métier ». « Le mécontentement est profond », explique-t-il, entre « la surcharge de travail et les gardes », « la hausse des primes d'assurance », « les soucis du point de vue médico-légal », auxquels s'ajoutent « les pénalités pécuniaires » des caisses. « Et l'on veut nous faire revenir à 23 euros la consultation ! », ajoute le Dr Casalengo, qui envisage de cesser l'obstétrique après son « passage en secteur III » par solidarité envers ses confrères.
Le Dr Gauduchon parle d' « épuisement physique » chez les obstétriciens quinquagénaires. Il souligne que les accoucheurs libéraux ont le soutien de trois praticiens de la spécialité exerçant à l'hôpital public de Romans-sur-Isère, qui demandent eux aussi leur déconventionnement pour leur part d'activité libérale.
Quant au Dr Jean Abellard, l'un des deux obstétriciens d'Aubenas sanctionnés, il pense « servir un peu de tête de Turc pour faire peur aux autres ». Il évoque ses « 70 heures de travail » hebdomadaires, sa prime d'assurance « multipliée par cinq cette année », ses investissements dans des échographes et « la non-revalorisation (de ses tarifs) depuis neuf ans ». Le Dr Abellard « ne peut plus continuer comme ça ». Déconventionné par la caisse de Privas au 1er mai, il quittera en outre son poste d'accoucheur hospitalier ( « 60 % de son activité » ces dernières années), « cessera les échographies et ne fera plus que de la gynécologie médicale ».
« Tant qu'on n'est pas au 1er mai, il y a toujours une façon de reconsidérer les choses », nuance cependant Bruno Simon, directeur de la Cpam de Privas. Lequel doit rencontrer aujourd'hui les deux obstétriciens sanctionnés pour « un point de situation ». Bruno Simon « a une certaine confiance dans les médecins ardéchois » dont aucun ne s'est autoproclamé en secteur II. Il note par ailleurs qu'une des deux gynécologues ardéchoises qui avaient demandé leur déconventionnement ces jours-ci est « revenue sur sa décision ».
La contestation se poursuit en Drôme-Ardèche
Déconventionnement d'une vingtaine de gynécologues
Publié le 26/04/2004
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Source : lequotidiendumedecin.fr: 7528
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