Q UI ne connaît ou n'a entendu parler de Cinq colonnes à la une et des Médicales qui ont fait comprendre la médecine aux Français ? C'est à Igor Barrère, qui vient de disparaître à 69 ans, que l'on devait notamment ces émissions, et bien d'autres, qui ont changé la face de la télévision en France.
« Homme de multiples talents », selon les termes de l'hommage de Lionel Jospin, Igor Barrère fait des études de lettres et de médecine avant de s'essayer au cinéma (il est l'assistant d'Orson Welles et de René Clair, excusez du peu). Très vite, cependant, la télévision le happe. Le voici assistant de Claude Loursais et de Pierre Sabbagh, pour qui se souvient de ceux qui ont fait les beaux jours de la télévision française, l'ex-ORTF. Très vite encore, à 25 ans à peine, il devient réalisateur et signe, seul ou en collaboration (en particulier avec Etienne Lalou) : Les médicales, La justice des hommes, En direct de..., Faire face, La médecine pénitentiaire, La caméra invisible, A armes égales, Médecine à la une (devenue Santé à la une), Histoires naturelles. Les titres des émissions qu'il produit ou coproduit ne sont pas moins célèbres : Place au théâtre, Cinq colonnes à la une, XXe siècle, Histoire de la vie, et l'on en passe. « Très tôt, il avait senti toute la force du reportage télévisé, l'impact des images et la puissance du témoignage », souligne Jacques Chirac.
Passionné de vulgarisation, il s'est servi de ses connaissances pour faire entrer la médecine, y compris de pointe, chez les Français. Le lendemain de ces « médicales », quand il n'y avait encore qu'une ou deux chaînes et que les malades n'avaient pas droit à la parole, les conversations roulaient souvent sur la spectaculaire opération ou le témoignage d'un malade gravement atteint.
Les activités du Dr Barrère au service de la médecine ne s'arrêtaient pas là : il a créé le salon Euromédecine ; il fut l'un des fondateurs de l'association Reso, un réseau de médecins qui soignent gratuitement les personnes en situation de précarité ; il a cosigné des livres tels que « le Dossier confidentiel de l'euthanasie » « En direct de la médecine », « le Médecin de la liberté ».
Barrère savait aussi ne pas jouer les utilités : nommé au Conseil supérieur de l'audiovisuel en janvier 1989, il en avait démissionné deux ans plus tard en dénonçant une « machine administrative, un bureau chargé de contrôler l'application de règles faites ailleurs et sur l'élaboration desquelles il n'a aucun pouvoir ».
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