Il y croyait toujours et le corps de Robert Ettinger, mort le 23 juillet à 92 ans, a été immédiatement congelé à l’Institut de cryogénie de Clintown Township, dans le Michigan, qu’il avait fondé en 1976.
Grièvement blessé en Belgique, lors de la Seconde Guerre mondiale, Robert Ettinger avait été hospitalisé pendant plusieurs années et avait vu ses jambes sauvées grâce à une technique nouvelle de greffe osseuse. C’est ce qui l’avait conduit à miser sur les technologies médicales du futur et à se persuader que « la science médicale » pourrait un jour « réparer les dégâts causés par la maladie ». D’où l’idée de ce professeur de physique de conserver les corps dans de l’azote liquide, en attendant le jour « où nos amis du futur pourront nous faire revivre et nous soigner ».
Ses thèses, développées dans « l’Homme est-il immortel ? », publié en 1964, avaient connu un grand succès dans les années 1960 et 1970. L’institut, à but non lucratif, qu’il a fondé, rassemble 900 membres dans le monde entier et, actuellement, 106 corps, sachant qu’il en coûte 28 000 dollars. La mère et les deux épouses de Robert Ettinger s’y trouvent, également cryogénisées.
En France, la loi ne prévoit pour les corps que trois possibilités, l’inhumation, la crémation et le don à la science. On se souvient peut-être du cas du Dr Raymond Martinot, qui avait défrayé la chronique et posé des problèmes à la justice. En 1984, le Dr Martinot, confiant dans les progrès de la science, avait décidé de conserver le corps de son épouse, morte à 49 ans, dans un caisson réfrigéré dans une crypte de la maison familiale, dans le Maine-et-Loire. Il avait souhaité le même sort pour lui-même, mais, après son décès en 2002, le préfet, arguant d’un « trouble manifestement illicite » et contraire aux pratiques funéraires en vigueur avait demandé l’inhumation du couple. Malgré le combat du fils, soucieux de respecter les vœux de son père, deux tribunaux, la cour d’appel et le Conseil d’État avaient tour à tour refusé la congélation comme mode de sépulture. Et, alors que Rémy Martinot s’apprêtait à saisir la Cour européenne des droits de l’homme, la technique avait lâché, la température du caisson remontant de - 65 à - 20°. Le fils avait alors, en mars 2006, dû se résoudre à faire incinérer ses parents.
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