C'EST LE TOP DÉPART pour la semaine de grève nationale dans les blocs opératoires publics et privés, à l'appel de l'Union des chirurgiens de France (UCDF). Cette organisation, qui affiche quelque «2500chirurgiens adhérents» de toutes les spécialités, exerçant en clinique privée ou à l'hôpital public, vise à interpeller l'opinion et les pouvoirs publics sur la crise de la profession et la nécessité d'un meilleur remboursement des actes pour le maintien d'une chirurgie de qualité (« le Quotidien » des 3, 8 et 10 octobre). À partir d'aujourd'hui et jusqu'au samedi 18 octobre, les chirurgiens sont donc invités à suspendre leurs consultations et leurs opérations programmées, tandis que les urgences et la continuité des soins (après des interventions déjà effectuées) seront toujours assurées.
Pas de déconventionnement.
Le Dr Philippe Cuq, président de l'UCDF, s'attend à ce que «le mouvement (soit) extrêmement suivi dans les blocs». Il en veut pour preuve la réussite du rassemblement préalable des chirurgiens libéraux et hospitaliers en colère le 4 octobre, dans un amphithâtre de la faculté de médecine des Saints-Pères à Paris. «On en attendait mille et ils étaient plus de mille trois cents», souligne le Dr Cuq, fier d'avoir déjà adressé ce «premier avertissement aux pouvoirs publics».
Il reste que le mouvement des chirurgiens est diversement apprécié dans le corps médical. L'UMESPE, la branche spécialiste de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), tout comme les anesthésistes-réanimateurs du SNARF (affilié à l'UMESPE-CSMF), ont jugé inopportune cette grève des blocs la semaine dernière, quoique le SNARF «comprend le mécontentement des chirurgiens».
Au contraire, les anesthésistes du syndicat concurrent, l'AAL, sont partie prenante dans le mouvement lancé par l'UCDF. Parmi les syndicats « verticaux » de chirurgiens qui relayent le mot d'ordre de cessation d'activité dans les blocs opératoires, le SCP (plasticiens) et le SNCO (orthopédistes) apportent un petit bémol. S'ils mobilisent «sans réserve» leurs troupes respectives pour qu'ils déposent leurs bistouris cette semaine, le SCP et le SNCO dissuadent leurs adhérents de demander par courrier à leur caisse primaire d'assurance-maladie des renseignements sur un éventuel déconventionnement. Cette démarche, prônée par l'UCDF, «pourrait prêter à confusion et leur porter tort», fait valoir la SNCO dans un communiqué. «Jacques Caton [président du SNCO] fait le grand écart en permanence car il est à la CSMF, remarque pour sa part le leader de l'UCDF. Mais, le 4octobre à Paris, il n'y avait aucune discordance là-dessus entre les chirurgiens!»
Quant au report de la négociation conventionnelle sur le secteur optionnel (que l'accord chirurgiens de 2004 promettait de créer «avant le 30juin 2005»), le Dr Cuq y voit un épisode supplémentaire d'une vaine «mascarade». Cela tend à conforter un peu plus l'UCDF dans sa volonté d'une solution plus spécifique à la profession et négociée par elle (alors que le secteur optionnel sera configuré par les représentants des grandes centrales syndicales).
Pour le Dr Cuq, le «contrat d'exercice chirurgi-cal» défendu par l'UCDF serait à la fois «plus rapide à mettre en place, plus performant et moins coûteux» que le secteur optionnel.
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