A MARSEILLE, le Pr Xavier Delamballerie, responsable de l’unité des virus émergents au CHU de La Timone et membre de la cellule de coordination de la recherche sur le chikungunya, a donné quelques précisions sur les essais cliniques qui vont être conduits à la Réunion sur la molécule testée avec succès in vitro (« le Quotidien » du 7 avril).
«Nous avons décidé dans un premier temps de tester sur ce virus différentes molécules utilisées dans d’autres cas, a-t-il expliqué. L’une d’elles a montré son efficacité dans des conditions de laboratoire. Cela ne signifie pas qu’on a aujourd’hui un médicament contre le chikungunya. Nous allons donc passer à une phase opérationnelle et mettre en place un essai clinique dans le courant du mois de mai.»L’étude, conduite par l’université de la Méditerranée, commencera à la Réunion en essai curatif sur un groupe de 200 patients (100 sous traitement et 100 sous placebo) «suivant des règles très strictes et très codifiées», a rappelé le virologue, et en essai préventif sur un certain nombre de personnes recrutées dans l’entourage des malades. «Cette étude est complexe et réalisée en coopération avec différentes équipes. Nous allons travailler à la Réunion avec le réseau de médecins généralistes et le réseau hospitalier. L’essai sera géré en grande partie localement, mais il y aura également des tests en métropole, à Marseille et à Paris notamment et dans des villes où des cas ont été signalés.» Si les premiers résultats de ces tests cliniques sont attendus avant l’été, la molécule ne sera pas pour autant utilisable immédiatement. «Si les résultats sont positifs, une étude plus vaste sera mise sur pied et, si les résultats sont probants, l’extension de l’autorisation de mise sur le marché sera demandée. Cela prendra encore plusieurs mois. Nous respecterons toutes les procédures à la lettre. Ce n’est rien cependant à côté des cinq à dix ans parfois nécessaires pour tester une nouvelle molécule.»
Il est de la responsabilité de tous ceux qui le connaissent de ne pas divulguer le nom de la molécule, insiste le Pr Delamballerie, qui craint que les gens se ruent sur les pharmacies ; car, «même s’il y a des espoirs aujourd’hui, la prise en automédication ou en association avec d’autres médicaments pourrait créer des problèmes sérieux».
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature