LES PREMIERS antirétroviraux, les inhibiteurs nucléosidiques de la transcriptase inverse, ont été développés dans d'autres indications dans les années 1960 ; l'AZT a été introduit en 1984 dans l'infection par le VIH. Ils ont d'abord été prescrits isolément puis en association avec des inhibiteurs non nucléosidiques de la transcriptase inverse.
Les premiers inhibiteurs de la protéase ont été développés à la fin des années 1990. Ils ont rapidement eux aussi été associés à d'autres antirétroviraux dans des schémas de multithérapie dès 1997. Résultat : les patients devaient parfois prendre jusqu'à vingt comprimés par jour, veiller à respecter certains interdits alimentaires et prendre en compte la pharmacocinétique propre de tous ces médicaments. Pour les patients traités, l'impact d'un traitement aussi lourd fréquemment associé à une tolérance gastro-intestinale médiocre a influé négativement sur l'observance, ce qui a malencontreusement contribué à l'émergence de résistances virales.
Pour les inhibiteurs de protéase, la révolution galénique est survenue au début des années 2000. Après la constatation en 1997 d'un effet boostant du saquinavir par de faibles doses de ritonavir, d'autres essais de potentialisation ont été effectués avec différents médicaments de cette classe. Mais ce n'est qu'en 2004 que le premier médicament associant deux inhibiteurs de protéase sous une même forme galénique a été commercialisé sous le nom de Kaletra. Dans un premier temps, ce médicament était disponible sous forme de capsules molles et de solutions buvables. Mais outre la nécessité de conserver ces médicaments au réfrigérateur entre 2 et 8 °C, de ne pas les exposer à une température de plus de 25 °C, l'utilisation de ces formes galéniques était mal tolérée d'un point de vue digestif. Le problème se posait de façon particulièrement critique pour les adultes qui consommaient le médicament sous forme de capsules molles. C'est pour cette raison qu'un travail de galénique a été entrepris et, en 2006, une nouvelle formulation en comprimés a été mise sur le marché.
Aujourd'hui, des traitements combinés permettent de limiter le nombre des prises quotidiennes. Kaletra, par exemple, peut être prescrit en deux prises et Reyataz ne nécessite qu'une monoprise quotidienne. Des trithérapies à doses fixes ont aussi été développées. Elles sont plus particulièrement utilisées dans les pays en développement et ne nécessitent pas de méthodes de conservation contraignantes.
Reste le problème de la galénique pédiatrique puisque le nombre des molécules disponibles sous forme adaptée reste limité, ce qui contribue à une mauvaise observance en particulier dans les pays à fort taux d'endémie pédiatrique. Soulignons l'arrivée d'une nouvelle formulation de Kaletra à usage pédiatrique (lopinavir/ritonavir) 100 mg/25 mg.
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