LE BLANC y régnait en maître. Mais, petit à petit, la couleur le détrône et s'installe sur les murs, les sols des hôpitaux. En commençant par les blouses de son personnel. Il semble définitivement acquis que rendre l'environnement du patient et du personnel le plus agréable possible diminue l'appréhension de l'un et facilite le travail de l'autre. « L'idée d'introduire le design et la couleur à l'hôpital pouvait sembler bizarre au départ, mais, au-delà de la couleur qui participe au bien-être (de chacun), il s'agit d'améliorer la circulation du personnel, de favoriser la prise en compte du scénario de soins », explique Jean Despax, ingénieur et consultant à l'Institut français du design. Les maîtres d'œuvre s'en préoccupent désormais lorsqu'il s'agit de nouveaux aménagements, mais ce n'est pas encore une réalité généralisée. « Il demeure une grosse différence entre les hôpitaux français et étrangers. Aux Etats-Unis, par exemple, les établissements, qui sont privés, sont gérés comme des hôtels. Les chambres des maternités ont généralement le standing des chambres d'hôtel. »
A chacun son teint.
Il est donc clair que la couleur, qui va de pair avec la lumière, contribue à diminuer le caractère anxiogène d'une atmosphère. « Si le blanc avait pris le pas dans les hôpitaux, c'était pour des raisons d'hygiène, de propreté. Si l'on repense à la couleur maintenant, c'est qu'on a trouvé les moyens techniques et matériels pour les intégrer sans souci dans un lieu de soins. »
L'entretien des sols en PVC était en effet beaucoup plus compliqué avant. L'usage de coloris salissants était problématique, confirme Patrice Mejri, responsable de la promotion nationale des produits Gerflor (revêtements des sols). « Jusque-là, la couleur est entrée à l'hôpital de façon anarchique. Certains responsables d'établissement restent encore très prudents. Ils craignent parfois que des couleurs soient trop criardes et préfèrent rester dans le standard. A nous alors de les encourager à se faire plaisir. Et cela vient de plus en plus. Ce sera d'ailleurs la première fois que l'on aborde le sujet à Hôpital Expo. »
Bien sûr, n'importe quelle couleur ne se prête pas à n'importe quel service. Les coloris bienvenus en maternité seront évités en psychiatrie. De la même façon, on privilégiera les couleurs pastel ou plus sombres pour les chambres de soins intensifs tandis que des teintes plus vitaminées, pétillantes, feront bonne figure pour les soins de jour.
« Nous sommes liés à la mode car il ne faut pas trop décaler les patients de leur environnement », explique encore Patrice Mejri. « La tendance est aux couleurs chaudes, du brique, du jaune pour le recouvrement des sols, et c'est nouveau. Ce jaune sera en revanche à bannir en psychiatrie car on sait qu'il y a dedans du rouge qui peut avoir un effet négatif sur la personne. » Le choix sera encore distinct selon la zone géographique de l'établissement. « Dans le Midi, déjà gorgé de soleil, nous reviendrons vers des tons sobres tandis que, au Nord, où l'on a besoin de lumière, nous essaierons de recréer des ambiances plus chaudes. » L'hôpital prend donc des couleurs, même au Nord.
* Espace d'animation « Architecture, sécurité, environnement », 14 h 15.
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