Cinéma
Zhang Yimou, le réalisateur d'« Epouses et concubines » et de «Qiu Ju, une femme chinoise », n'avait jamais, dans sa carrière d'une vingtaine d'années, abordé le genre très codé du « wu xian pian », le récit à base d'arts martiaux, et plus précisément du sabre traditionnel de Chine. Amateur de romans de ce type depuis son enfance, il a vu dans le passage à l'écran un défi à relever. « Le mouvement d'une épée peut être décrit, dans un roman de "wu xian" par sa force et par sa vitesse, et c'est très excitant à lire parce qu'on a une grande latitude pour imaginer, dit-il. Mais dans un film, on a moins d'une seconde pour décrire le mouvement d'un sabre. »
Des mouvements de sabre, il y en a beaucoup dans « Hero ». A tel point qu'au premier quart du film, on s'inquiète : s'il n'est question que de combats, on risque de ne pas aller très loin. Heureusement, ce n'est pas le cas, même si l'entrechoquement des lames et la chorégraphie des corps en lévitation tient un grand rôle. Car l'histoire qui nous est contée, qui s'inspire d'une légende aux fondements historiques, l'est de plusieurs façons et couleurs différentes, la vérité, ou du moins la version que l'on préfère retenir, se cachant sous deux ou trois couches de mensonge. Combats en rouge pour un héros qui vient à bout de ceux qui complotent le meurtre du roi de Qin. Affrontements en bleu puis en vert et enfin en blanc pour des personnages aux motivations plus pures qu'on ne le pensait.
Certes, il ne faut pas chercher dans ce récit une psychologie mesurable à notre aune. Héroïsme, fidélité et vengeance sont les ressorts simplistes qui meuvent les protagonistes dans un contexte historique (l'unification de la Chine à partir de sept royaumes ennemis), qui n'est que prétexte à déploiement d'une armée gigantesque.
Ce qui importe, c'est la beauté des images dans lesquelles tout compte : l'espace, la nature, les couleurs, les mouvements, les visages, les vêtements, les figurants dont le nombre est multiplié à l'infini grâce à la technique numérique. Utilisant tous les moyens naturels (une personne a surveillé pendant des semaines une forêt de vieux chênes en Mongolie intérieure jusqu'à ce que les feuilles aient la couleur désirée - un jaune parfait - pour une scène il est vrai magnifique) et artificiels à sa disposition, Zhang Yimou invente des beautés qui ne peuvent être que cinématographiques. Défi relevé, avec l'aide de quelques stars du cinéma asiatique, tels Jet Li, Tony Leung, Maggie Cheung et Zhang Ziyi.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature