CINQ MOUVEMENTS, cinq parties, cinq couleurs. C’est François Marthouret qui a souhaité jouer « le Solitaire », qui avait autrefois inspiré à Jacques Mauclair le spectacle intitulé « Ce sacré bordel ». Le comédien, très demandé à la télévision, au cinéma et devenu réalisateur, aime les exercices en solo, ils lui réussissent. Il a notamment interprété l’inoubliable « Intranquillité », de Fernando Pessoa.
Pour ce texte de 1973, un « roman », ce qui est une exception dans l’œuvre de l’auteur des « Chaises », Jacques Maitrot et Jean-Louis Martinelli, qui signe la mise en scène, ont construit une adaptation bien rythmée en mouvements, dont chacun est dominé par une couleur. Au centre du plateau, un lit. Une pièce presque vide, avec un amas qui ressemble à un tas de journaux, au fond, côté cour. Derrière le lit, une grande fenêtre qui diffuse une lumière vive : jaune, verte, rouge, bleue, blanche.
Pari audacieux.
Le thème du « Solitaire » est celui des pensées d’un homme de 35 ans qui estime qu’il est temps de se retirer de la vie. Un héritage lui permet d’abandonner son travail ; il achète un appartement, déjeune quotidiennement dans le même restaurant, sa vie est réglée comme du papier à musique, mais il possède une autre dimension. En voulant, littéralement, se déprendre des choses, il acquiert une force qui excède les petits faits et gestes de la vie, il est un humain très humain, corrodé par l’angoisse, atteignant quelque chose de profondément mystique, même si c’est entre Pascal et Buster Keaton, comme le dit François Marthouret. La plupart du temps étendu face à nous sur le lit, torse nu, comme un homme chétif, désarmé et désarmant, l’acteur suit les pleins et les déliés d’une écriture sans gras, simple d’apparence, mais forte, toujours chargée de sens. C’est un beau moment, fort, sans esbroufe.
On est heureux de retrouver François Marthouret si bien, très bien, dirigé par Jean-Louis Martinelli, directeur du théâtre de Nanterre-Amandiers. Le spectacle est à l’affiche de La Madeleine, où Frédéric Franck, après « Extinction », de Thomas Bernhard, par Serge Merlin, ose une fois encore un pari audacieux. Commencer au début de l’été et programmer jusqu’à la fin juillet ce solo. Ajoutons que le programme est copieux et reprend le texte du découpage, avec un ensemble documentaire excellent. À la rentrée, viendra « Nono », de Sacha Guitry, avec Julie Depardieu, Xavier Gallais, Brigitte Catillon et Michel Fau, qui signe la mise en scène. Autre genre à suivre également.
Théâtre de la Madeleine ( tél. 01.42.65.06.28, www.theatremadeleine.com), à 20 heures, du mardi au samedi. Durée : 1 h 20. Jusqu’au 31 juillet. Le livret-programme est en vente sur place.
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