DANS LE DOMAINE médical, l'ASN estime, au terme de l'année 2006, que «la prise en compte des exigences de radioprotection parmi la gestion des autres risques médicaux progresse, notamment grâce à une implication croissante des sociétés savantes et des organismes et syndicats professionnels». Toutefois, les accidents de surexposition de patients, notamment ceux qui se sont déroulés à Epinal (24 cas graves, dont quatre morts et 397 victimes), assombrissent le tableau. Ce bilan contrasté montre que «de sérieux efforts restent à accomplir», et plus particulièrement en matière de «facteurs organisationnels et humains», souligne le président de l'ASN, André-Claude Lacoste.
En effet, les investigations menées systématiquement par l'ASN à la suite des accidents graves de radiothérapie déclarés en 2005 et 2006 par divers centres hospitaliers en France, à Grenoble, Lyon ou Epinal, ont montré que leurs origines sont très largement imputables à des défaillances organisationnelles et humaines : utilisation d'un logiciel dans une configuration testée de façon incomplète, erreur de transmission d'information orale ou encore erreur de paramétrage d'un traitement.
Un métier difficile.
La radiothérapie est une pratique «bénéfique et justifiée» pour le traitement des cancers, rappelle le gendarme du nucléaire. Elle intervient chaque année dans le traitement de 180 000 patients sur les 280 000 personnes qui ont un cancer. En outre, son impact financier est modéré, de l'ordre de 8 % des coûts de la lutte contre le cancer. «Ce sont toutefois des méthodes puissantes qui peuvent comporter des risques et des effets secondaires, ajoute Michel Bourguignon, l'un des quatre commissaires de l'ASN. Le métier du radiothérapeute est difficile. Il y a des accidents de surdosage mais aussi de sous-dosage», qui ont pour conséquence de ne pas atteindre la tumeur. Un métier d'autant plus exigeant que «les personnels des services de radiothérapie sont globalement en nombre insuffisant en France», relève l'ASN. Une enquête est d'ailleurs en cours pour estimer les besoins dans le domaine de la physique médicale afin d'identifier les services de radiothérapie où des effectifs supplémentaires sont «nécessaires pour améliorer la sécurité des traitements».
A cause des conséquences médicales graves en cas d'accident, «la radiothérapie reste un souci majeur de l'ASN», assure André-Claude Lacoste, qui se félicite de «l'esprit de responsabilité des radiothérapeutes». La déclaration des accidents et des incidents par les professionnels résulte d'un «changement de culture en France vis-à-vis de la radioprotection». Chaque événement déclaré, le plus rapidement possible,permet non seulement de mieux prendre en charge les personnes concernées mais entraîne également «un retour d'expérience qui doit conduire à améliorer la qualité et la sûreté de la radiothérapie», indique le président de l'ASN. Grâce à ces efforts de transparence, d'autres déclarations d'accidents sont encore à prévoir : «Il y en a sûrement dans les tuyaux», confirme André-Claude Lacoste.
Contrôles élargis.
Depuis l'accident d'Epinal, l'ASN a demandé à l'ensemble des professionnels de la radiothérapie et à l'Institut national du cancer de présenter leurs actions «pour intégrer pleinement la dimension des facteurs organisationnels et humains dans l'organisation des activités des services». L'ASN a conçu, à l'usage des radiothérapeutes, un guide de déclaration de tous les événements de radiothérapie «même ceux sans conséquences sanitaires». Et l'ASN prévoit d'étendre ses contrôles. En particulier, ses inspecteurs s'attacheront à vérifier que «chaque service met en place un registre des événements, procède périodiquement à son analyse et en tire des enseignements pour l'avenir». Le gendarme du nucléaire attend que le guide de radiothérapie des tumeurs «ayant trait aux techniques d'irradiation externe et à leurs critères de qualité», achevé fin 2006 par la Société française de radiothérapie oncologique, soit appliqué par les professionnels.
Bilan annuel de l'ASN disponible sur asn.fr.
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