L’HISTOIRE a commencé le 30 août 2004, lorsqu’un vétérinaire du Minnesota a contacté les autorités sanitaires et le laboratoire de diagnostic vétérinaire de l’université locale en raison de l’apparition de diarrhée et de léthargie chez des hamsters qu’il avait examinés dans une animalerie. Les hamsters faisaient partie d’un groupe de 780 animaux élevés dans l’Iowa, dont 243 spécimens avaient été vendus à un distributeur du Minnesota, qui les avait, à son tour, placés dans quinze animaleries. Les vétérinaires de l’université ont pu récupérer huit animaux vivants qui sont décédés dans les jours suivant leur transfert des suites de diarrhée profuse. Les tissus des animaux décédés ont été analysés par trois laboratoires distincts qui ont tous retrouvé des salmonelles du groupe B dans des tissus extraits du foie, des intestins ou des poumons. Le typage des souches n’a pas permis de les distinguer les unes des autres.
S. enteritica sérotype typhi murium.
Simultanément, une recherche a été effectuée sur les 17 737 souches répertoriées par le Centre national de surveillance des salmonelles depuis 1998 et 0,1 % des bactéries (28) correspondaient au sérotype en cause chez les hamsters du Minnesota. Un avis de surveillance a été lancé entre juin et août 2004. Deux cas de salmonellose humaine, dont l’origine pourrait être attribuée au contact avec un petit rongeur de compagnie, ont été notifiés aux autorités sanitaires. Il s’agissait d’un enfant de 4 ans dont les parents avaient acheté, neuf jours plus tôt, un hamster qui avait présenté une diarrhée fébrile en rapport avec une infection par S.enteritica sérotype typhi murium. L’autre cas était celui d’un garçon de 5 ans qui avait présenté une diarrhée fébrile de durée, prolongée dans les suites de l’achat d’une souris domestique. Les deux rongeurs étaient décédés rapidement après l’achat. L’analyse des tissus de l’un des animaux a permis de retrouver la souche de salmonelle déjà mise en cause dans le Minnesota.
Sur les vingt-huit patients atteints par des souches répertoriées par le Centre national de surveillance, vingt-deux ont pu être contactés : treize d’entre eux avaient eu un contact direct avec un rongeur acheté dans une animalerie ; deux avaient eu un contact avec un patient déjà atteint de diarrhée et qui avait lui-même côtoyé des souris ou des hamsters.
Les quinze personnes atteintes de salmonellose primaire ou secondaire entre décembre 2003 et septembre 2004 vivaient dans dix Etats du pays. Leur moyenne d’âge était de 16 ans et elles avaient présenté une symptomatologie abdominale fébrile, avec douleurs, vomissements et diarrhée parfois sanglante. Six d’entre elles avaient dû être hospitalisées pendant une moyenne de quatre jours (de 2 à 56 jours). La grande majorité des patients avaient été en contact avec des rats ou des souris qui avaient été achetés pour nourrir un serpent domestique (sept d’entre eux). Pour quatre autres patients, le contact venait de rats ou de souris de compagnie. Enfin, deux personnes avaient acheté un hamster.
L’analyse microbiologique des souches animales et humaines a permis de préciser que les salmonelles retrouvées étaient résistantes à l’ampicilline, au chloramphénicol, à la streptomycine, au sulfasoxazole et aux tétracyclines.
Des aliments contenant des antibiotiques.
Les vétérinaires se sont penchés sur les causes possibles de ces infections. Les rongeurs reçoivent généralement, dans les premières semaines de vie, des aliments contenant des antibiotiques comme facteur de croissance. Au moment de leur transport et du fait du stress accompagnant la mise en cage, certains animaux peuvent présenter une réactivation de leur flore intestinale et des salmonelles en particulier. A ce moment, les animaux peuvent présenter une diarrhée et des vomissements contenant la bactérie en cause, or S.enteritica peut survivre jusqu’à un an à l’air libre, en gardant tout son potentiel pathogène. Les animaux, même sains, qui sont ensuite transportés dans les mêmes cages, peuvent à leur tour s’infecter et transmettre la maladie à leurs congénères et aux humains qui seront à leur contact.
Aux Etats-Unis, chaque année, on dénombre 1,4 million de salmonelloses. Il semblerait que l’on sous-estime le nombre d’infections qui pourraient être en rapport avec des rongeurs malades.
« New England Journal of Medicine », vol. 356; 1, 21-28, 4 janvier 2007.
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