LA CRYPTOCOCCOSE est au deuxième rang des infections opportunistes fatales chez les patients infectés par le VIH et profondément immunodéprimés. Liée à Cryptococcus neoformans, elle affecte en effet des individus immunodéprimés, majoritairement infectés par le VIH mais aussi atteints d’autres désordres immunologiques ou encore recevant des traitements immunosuppresseurs.
Le plus souvent, cette maladie provoque des méningo-encéphalites mais l’infection peut être localisée aux poumons.
Depuis l’arrivée des trithérapies antirétrovirales, son incidence en France a diminué de moitié : actuellement, on compte une centaine de cas par an. Il n’en va pas de même en Afrique et en Asie : chez les individus infectés par le VIH, elle reste la deuxième infection opportuniste fatale après la tuberculose, touchant dans certains pays 30 % de ces patients en l’absence d’accès aux antirétroviraux. La cryptococcose est désormais la première cause de méningite en Afrique.
En France, une étude prospective a été conduite sur des patients suivis entre 1997 et 2001. Ce travail a été mené par Françoise Dromer – chef de l’unité de mycologie moléculaire (Cnrs URA3012) et du Centre national de référence mycologie et antifongiques à l’Institut Pasteur – et Olivier Lortholary (même unité de l’Institut Pasteur et centre d’infectiologie Necker-Pasteur), en collaboration avec le groupe d’étude de la cryptococcose en France, composée de mycologues et de cliniciens répartis dans 77 centres.
Des facteurs de gravité.
Cette étude, qui a inclus 230 patients infectés ou non par le VIH, avait pour objectif d’analyser les facteurs influençant la maladie et son évolution. Les résultats sont les suivants :
– la cryptococcose est plus sévère chez l’homme que chez la femme, ce qui suggère une influence des hormones sexuelles ;
– elle est également plus sévère chez les individus VIH+ que chez les VIH– ;
– en terme de mortalité, c’est chez les patients souffrant d’une hémopathie maligne (lymphome, leucémie chronique...) que la maladie est la plus grave ;
– entre les deux sérotypes (A et D) de C.neoformans présents en France, le sérotype A est associé à une évolution plus sévère de la maladie ;
– le pronostic vital est aggravé chez les patients qui, au moment du diagnostic, ont des déficits neurologiques et/ou des troubles de la conscience ou encore une imagerie cérébrale anormale.
Parallèlement, les chercheurs ont étudié l’impact de la charge fongique initiale et l’évolution de la cryptococcose en fonction des antifongiques utilisés.
Au terme de ce travail, les auteurs préconisent, pour tous les patients chez lesquels un diagnostic de cryptococcose est établi, de réaliser un bilan d’évaluation de la sévérité de la maladie. Ce bilan systématique devrait, selon eux, comprendre : une culture du liquide céphalo-rachidien, une hémoculture, une culture d’urines et une détermination de la quantité de l’antigène circulant du cryptocoque, afin d’évaluer la charge fongique. «Pour les patients qui ont une charge fongique très élevée, conclut Françoise Dromer, nous recom- mandons d’engager un traitement d’attaque associant deux antifongiques, traitement qui n’est actuellement préconisé qu’en cas de méningite et de pneumopathie sévère.»
Les auteurs soulignent que la mortalité à trois mois de la cryptococcose reste de 15 à 20 % dans les pays occidentaux et qu’elle est bien plus élevée en Afrique et en Asie. Ce qui justifie d’améliorer la prise en charge de cette maladie.
Françoise Dromer, Simone Mathoulin- Pélissier, Odile Launay, Olivier Lortholary, the French Cryptococcosis Study Group. « Plos Medicine » du 5 février 2007.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature