° Parkinson et pesticides.
DÉCERNÉ à l'initiative du « Quotidien », le prix Epidaure 2004 de la recherche fondamentale, clinique ou épidémiologique, sera remis aujourd'hui au Dr Alexis Elbaz (Inserm U360, Salpêtrière, Paris) pour son travail sur « la relation entre maladie de Parkinson et exposition aux pesticides : enquête cas-témoin parmi les affiliés à la Mutualité sociale agricole ».
Le but de ce travail était d'étudier la relation entre la maladie de Parkinson (MP) et l'exposition aux pesticides. Pour ce faire, Alexis Elbaz a mis en place une étude épidémiologique en collaboration avec la MSA et deux autres unités Inserm (U107 et U508), qui a permis d'observer une population fortement exposée aux pesticides. Ainsi, 247 sujets qui avaient déposé une demande d'affection de longue durée pour maladie de Parkinson ont été recrutés. A chaque cas, étaient appariés trois témoins (même sexe, même âge et même lieu de résidence). Une évaluation de l'exposition aux pesticides était réalisée par le médecin du travail. Le diagnostic de maladie de Parkinson était confirmé par un neurologue.
Le Dr Alexis Elbaz a pu mettre en évidence une corrélation positive entre l'exposition aux pesticides et la maladie de Parkinson, avec une augmentation significative de l'odd ratio en fonction du nombre d'années d'exposition. Par ailleurs, il a montré que les « métaboliseurs lents » porteurs d'un polymorphisme du gène CYP2D6 et exposés aux pesticides avaient un risque de maladie de Parkinson deux fois plus élevé que les sujets non porteurs de ce polymorphisme.
« Par l'importance de la question posée et la qualité de l'étude, ce dossier mérite l'octroi du prix Epidaure de la Recherche fondamentale, clinique ou épidémiologique », souligne le Dr Catherine Grillot-Courvalin (rapporteur de ce dossier). Ce prix est doté de 8 000 euros par « le Quotidien ».
° Pollution automobile et inflammation nasale.
Le deuxième travail récompensé est celui de Lydia Nikasinovic-Fournier (docteur en pharmacie, université René-Descartes, Paris-V) dans la catégorie jeune chercheur. Le prix est doté par Véolia Environnement, de 8 000 euros également.
Lydia Nikasinovic-Fournier a étudié l'impact de la pollution atmosphérique urbaine d'origine automobile sur l'inflammation nasale de l'enfant. Le nez étant la première cible de l'air inhalé, la chercheuse a choisi d'étudier la réponse inflammatoire nasale, comme reflet de la réaction pulmonaire après exposition à des polluants d'origine automobile. Après un travail bibliographique, elle a mené une étude épidémiologique (dans le cadre de l'étude multicentrique Vesta). L'originalité de ce travail est d'évaluer l'exposition aux polluants à partir de mesurages personnalisés de deux de ses indicateurs (les PM 2,5 et les oxydes d'azote) et de relier ces mesures à des niveaux de médiateurs de l'inflammation nasale (albumine, urée, élastase, alpha1-antitrypsine, GM-CSF, IL4, IL5, IL6, IL8). L'auteur montre qu'il existe chez les enfants asthmatiques allergiques (après ajustement des facteurs de confusion) une association hautement significative entre les niveaux de PM 2,5 et les comptes leucocytaires et les biomarqueurs d'exsudation plasmatique. Chez les enfants sains, les PM 2,5 n'ont pas d'effet alors que l'exposition à la fumée de tabac induit une inflammation nasale.
« La candidate, outre une excellente formation aux méthodes utilisées en santé environnementale, a effectué un travail d'actualité dans un contexte scientifique reconnu », indique Michel Jouan (rapporteur du dossier).
Rappelons que le prix Epidaure est décerné par un jury indépendant, constitué de spécialistes de la médecine et de l'environnement. Il est parrainé par la Fondation pour la recherche médicale et soutenu par Véolia Environnement. Il sera remis au ministère de l'Ecologie et du développement durable, en présence de représentants des ministres de l'Ecologie et de la Santé.
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