MEDEC
LES TROUBLES bipolaires sont des maladies fréquentes (près de 1 % de la population), mais leur diagnostic est souvent difficile d'où un retard à la mise en route d'un traitement adapté (plus de huit ans en moyenne). Non traités, leur pronostic est sombre, avec un risque suicidaire important, mais il peut être considérablement amélioré par une prise en charge précoce et adéquate, associant un traitement pharmacologique à visée thymorégulatrice à une prise en charge psychothérapeutique (programmes psychoéducatifs, règles d'hygiène de vie).
Antipsychotique, antimaniaque et thymorégulatrice.
L'olanzapine a obtenu, il y a près d'un an, une AMM pour la prise en charge des épisodes maniaques modérés à sévères, en monothérapie ou en association. Elle offre ainsi une alternative intéressante et bien tolérée au lithium, au divalproate et aux neuroleptiques classiques.
Dans le traitement des épisodes maniaques, l'olanzapine a montré une efficacité supérieure à celle du divalproate, et en cas de rémission incomplète sous lithium ou divalproate, l'association d'olanzapine a permis d'améliorer la symptomatologie maniaque de manière significative. L'efficacité de l'olanzapine sur l'humeur maniaque serait en partie indépendante de son action antipsychotique, puisque, lors d'épisodes maniaques sans caractéristique psychotique associée, l'efficacité de l'olanzapine est supérieure à celle du divalproate et l'association de l'olanzapine au lithium ou au divalproate est plus efficace que la monothérapie par lithium ou divalproate.
Prévenir les récidives en stabilisant les fluctuations de l'humeur.
Dans le traitement des troubles bipolaires, l'objectif thérapeutique est, non seulement, d'obtenir la rémission des épisodes maniaques, mais aussi, à plus long terme, de prévenir les récidives maniaques ou dépressives dont la fréquence, la durée et l'intensité sont des éléments majeurs du pronostic.
L'olanzapine vient d'obtenir une nouvelle indication européenne dans le traitement préventif des récidives bipolaires à partir de quatre essais randomisés contre placebo et comparateur actif.
Plusieurs arguments suggéraient déjà une efficacité de l'olanzapine dans la prévention des récidives. Dans l'étude ayant comparé l'olanzapine au divalproate (quarante-sept semaines de traitement), l'amélioration de la symptomatologie maniaque obtenue sous olanzapine s'est maintenue dans le temps, avec une efficacité significativement supérieure les premières semaines. Les récidives ont été moins fréquentes et plus tardives avec l'association olanzapine-lithium ou olanzapine-divalproate qu'avec le lithium ou le divalproate en monothérapie lors de l'étude d'extension sur dix-huit mois.
L'efficacité de l'olanzapine pour prévenir les récidives maniaques et dépressives a été démontrée par un essai randomisé en double aveugle dans lequel elle a été comparée au lithium. Chez les patients en rémission par l'association olanzapine-lithium pendant six à douze semaines, et après quatre semaines de sevrage progressif, ceux qui ont poursuivi l'olanzapine avaient présenté, après un an de suivi, deux fois moins de récidives maniaques que ceux sous lithium, pour un taux de récidives dépressives comparable. L'efficacité globale, comparable à celle du lithium, en prévention des récidives bipolaires était associée à un taux de réhospitalisations significativement plus faible chez les patients sous olanzapine (14,3 % vs 22,9 %; p = 0,026).
Dans un autre essai contre placebo, le taux de récidives maniaques ou dépressives à un an a été réduit de manière significative chez les patients qui ont poursuivi le traitement par olanzapine après une période de rémission de six à douze semaines sous olanzapine. Ces résultats viennent confirmer l'efficacité de l'olanzapine sur les récidives à la fois maniaques et dépressives.
La tolérance, à court et à long terme, de l'olanzapine a été bonne, en particulier sur le plan extrapyramidal. Il n'y a pas eu de dyskinésie tardive à l'issue des essais sur le long cours. Une prise de poids a été observée chez certains patients en l'absence de règles hygiéno-diététiques.
L'olanzapine est prescrite à la dose initiale de 15 mg/j en monothérapie ou de 10 mg/j en association dans les épisodes maniaques. La posologie est ensuite adaptée à la réponse clinique, les doses usuelles se situant entre 5 et 20 mg/j. Dans les essais de prévention des récidives, les posologies moyennes d'olanzapine étaient de 11,9 à 12,5 mg/j.
Le profil d'efficacité et de tolérance de l'olanzapine dans le traitement des épisodes maniaques, quelle que soit la forme clinique, et dans la prévention des récidives, ouvre de nouvelles perspectives pour la prise en charge des patients souffrant de troubles bipolaires.
D'après un entretien avec le Dr Frédéric Sorbara, psychiatre, conseil scientifique Neurosciences, Lilly France. Journée d'amphis du Medec « Les troubles bipolaires, le rôle du médecin généraliste : du diagnostic à la prise en charge », présidée par le Pr Marie-Christine Hardy-Bayle et parrainée par les Laboratoires Lilly. Jeudi 18 mars 2004.
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