Très récemment aux États-Unis, le SFC a été rebaptisé « syndrome systémique de l’intolérance à l’effort ». Cette dénomination a été portée par l’Institut Américain de Médecine, sollicité sur le sujet par le ministère de la Santé et divers organismes fédéraux. L’objectif de la manœuvre est de mettre l’accent sur des symptômes spécifiques observés chez les patients atteints par ce que les experts reconnaissent désormais être une maladie, mais pour laquelle il n’existe pas de test diagnostic.
Parmi ces symptômes spécifiques, des malaises survenant après un effort, ou dans les trois minutes suivant la mise en position debout. Cibler ces manifestations devrait aider au diagnostic et à la reconnaissance clinique de la maladie.
Mais quelle en est l’étiologie ? Les causes du SFC restent particulièrement difficiles à élucider. Pour le Pr Frédérique Morinet, de l’Université Paris-Diderot, « ce n’est pas une maladie psychiatrique, ce n’est pas non plus une maladie neurologique. Il y a des anomalies biologiques, mais on ne connaît pas encore leur cause ». Une nouvelle étude, publiée dans la revue « Science Advances », rapporte une anomalie du système immunitaire qui, selon les auteurs, pourrait suggérer un processus infectieux.
La présence de cytokines durant les premières années
L’équipe, de Columbia University à New York, aurait mis en évidence une signature immunitaire chez certains patients : une élévation du taux de certaines cytokines chez les patients diagnostiqués depuis moins de 3 ans. Cette signature disparaîtrait lorsque les symptômes se sont installés depuis plus longtemps. « Il semblerait que le système immunitaire des malades finisse par s’épuiser, ce qui expliquerait la chute des taux de cytokines après 3 ans », notent les auteurs.
Pour le Pr Jean-Dominique de Korwin, du CHU de Nancy, président du conseil scientifique de l’association française du SFC, ces résultats sont conformes à ceux d’autres équipes. « De nombreux travaux ont déjà suggéré une activation du système immunitaire dans le SFC, avec une production de nombreuses interleukines et une activité interféron gamma. Là, cette étude a le mérite d’être méthodologiquement solide ». Il s’agit d’un essai transversal ayant porté sur 298 patients SFC et 348 témoins, chez qui les chercheurs ont évalué les niveaux de 51 biomarqueurs immunologiques sanguins. Les auteurs signalent qu’une étude longitudinale suivant l’évolution des taux de cytokines chez ces patients sur un an devrait paraître prochainement.
L’hypothèse infectieuse…
Selon eux, le SFC pourrait résulter d’une infection de type « hit and run » (frappe et cours) : un pathogène déclenche une réponse immunitaire inflammatoire, donc la production de cytokines, qui persiste malgré l’élimination du corps étranger. Pour le Pr Morinet, professeur de virologie, « cette hypothèse est intéressante et je pense que le processus mérite d’être étudié, mais il faut rester prudent ».
D’autres restent plus sceptiques, comme le Pr de Korwin : « Cette production de cytokines est extrêmement banale dans la plupart des maladies auto-immunes et inflammatoires systémiques. Ça n’a donc rien de spécifique, rapporte-il. Cela n’explique pas pourquoi ces anomalies immunitaires apparaîtraient puis disparaîtraient alors même que la fatigue chronique persiste au-delà de 3 ans ».
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature