« Le modèle du "tout VM" a vécu. » La dernière étude d’Eurostaf * sur le sujet apporte un constat détaillé sur les baisses d’effectifs de la visite médicale évoqués ces dernières années, et montre que les causes qui ont conduit aux départs de quelques milliers de délégués médicaux ces dernières années n’ont pas fini de produire leurs effets. En chiffre, les compressions d’effectifs sont considérables et la décrue de la VM dans les dépenses des labos est importante. Ce vecteur représentait encore 68 % des dépenses de promotion de l’industrie pharmaceutique en 2007, contre seulement 58 % deux ans plus tard en 2009.
Depuis 2007, les effectifs de visiteurs ont diminué de 4 % par an en moyenne. L’étude évalue autour de 23 000 le nombre de professionnels du secteur en 2006 et avance le chiffre de 19 269 en 2009. Même si 57 % des VM continuent d’exercer leur activité en ville, 15 % à l’hôpital et 28 % au sein de réseaux mixtes, Eurostaf souligne que c’est dans le premier secteur que les réductions d’effectifs ont été les plus vives, alors que ces dernières années les réseaux hospitaliers ont pour leur part continué de croître. Dans le même temps, les salariés des réseaux prestataires de VM ont été plus directement touchés par les licenciements que ceux directement employés par un groupe pharmaceutique.
Eurostaff montre aussi que les grands plans de licenciement ont affecté surtout la France et surtout les gros laboratoires. « Entre 2008 et 2009, près de 30 plans de sauvegarde de l’emploi ont été dénombrés, touchant potentiellement plus de 4 000 postes de visiteurs médicaux et s’échelonnant jusqu’en 2011, » lit-on. En fait, selon l’étude, si « tous les grands groupes pharmaceutiques internationaux ont procédé en France à des réductions d’effectifs » depuis quatre ans, « les petits laboratoires et ceux de taille moyenne ont souvent à l’inverse renforcé leurs forces de vente durant cette période, profitant d’une baisse de la force de frappe des grosses structures sur certains marchés. »
Le rapport, qui est fondé notamment sur des études menées pour l’industrie pharmaceutique et sur des entretiens de responsables du secteur, passe en revue les causes de cette décroissance de la VM, d’une telle ampleur qu’elle a poussé le Leem (Les entreprises du médicament) à mettre en place un site internet pour informer les délégués médicaux des possibilités de reconversion (www.evolution-vm.org). Les auteurs avancent deux causes majoritairement admises dans le secteur : la montée en puissance des génériques, concomitante à la fin des brevets de molécules phares des années 90 et la réorientation de la promotion vers des produits de haute technologie et de spécialité : « la diminution des investissements en visite médicale se traduit pas une baisse du nombre de contacts auprès des médecins, et plus précisément des généralistes, » estime en effet Eurostaf.
La mutation n’est pas terminée
Pour les experts du secteur, la mutation de la VM n’est d’ailleurs pas terminée. Quantitativement, d’abord. Alors que le Leem estime que le nombre de délégués médicaux pourrait arriver à 17 000 ou 18 000 à l’horizon 2011/2012 et se stabiliser entre 15 000 et 16 000 d’ici à 2015, les auteurs de l’étude jugent ces prévisions relativement optimistes : « il semble hautement probable que cette estimation de 15 000 visiteurs médicaux sera atteinte plus rapidement que prévue et que la baisse devrait se poursuivre au moins jusqu’à une fourchette située entre 12 000 et 13 000 visiteurs médicaux à l’horizon 2015. »
Sur le plan qualitatif aussi, l’étude table sur un profil de plus en plus technique et qualifié des vm et sur une diversification des vecteurs utilisés, les outils internet (e-learning, e-detailing, webconferences,...) étant de plus en plus utilisés par les laboratoires. «Ces évolutions vers une visite médicale plus quantitative vont entrainer le changement des critères d’évaluation de la performance des visiteurs médicaux, qui ne peuvent plus être fixés uniquement sur des critères commerciaux,» suggère Eurostaf. A ces conditions d’évolution, Eurostaf considère néanmoins que «la visite médicale va rester le media prépondérant pour promouvoir les médicaments.» Et de citer la création par le Leem d’une nouvelle carte professionnelle fin 2009 d’"attaché à la promotion du médicament": un nouveau statut d’"APM", qui, selon les auteurs, atteste d’une évolution du « métier de visiteur médical, autrefois monocible et reposant sur la visite en face à face, vers un métier plus complexe mixant différentes activités.»
Pour commander l’étude:
Tél : 01 49 53 89 41
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