L'IMAGE DE la maladie cancéreuse reste encore celle d'une maladie rapidement mortelle. « Or de plus en plus de patients bénéficient du progrès médical qui a transformé une menace vitale immédiate en une maladie chronique, évolutive et incurable, compatible toutefois avec une survie prolongée », souligne le Dr Jean-Philippe Durand (unité d'oncologie médicale, service de médecine interne, hôpital Cochin, assistance publique-hôpitaux de Paris).
Le traitement du cancer repose aujourd'hui sur la combinaison de plusieurs armes thérapeutiques dans une stratégie multidisciplinaire visant à obtenir soit la guérison complète, soit l'obtention de rémissions de plus en plus prolongées, soit, dans les cas les plus défavorables, la prolongation de la survie.
Une survie de qualité.
La « chronicité » de la maladie cancéreuse oblige maintenant à préserver la qualité de vie des patients, notamment ceux dont la maladie métastatique impose la poursuite d'un traitement dont les effets secondaires pèsent sur la vie relationnelle et sociale (alopécie, anémie, cause supplémentaire de fatigue, neuropathies périphériques, troubles du goût...) et à assurer le contrôle des pathologies associées, fréquentes chez les sujets âgés.
Dans ce contexte, les objectifs thérapeutiques ne se limitent plus au seul contrôle de la progression tumorale, mais visent également une « survie de qualité » qui pourrait être obtenue en intégrant et conciliant à la « médecine de survie, une médecine du confort », intégration qui pourrait passer par l'introduction précoce et dédramatisée des experts de soins palliatifs.
Une confrontation pluridisciplinaire spécialisée est bénéfique dans toutes les situations de l'arbre décisionnel : au moment du diagnostic et de la décision thérapeutique et lors d'une première rechute. Mais elle a également sa place lorsque le clinicien s'interroge sur la pertinence de la poursuite de traitements lourds ou sur la nécessité de recourir à des soins palliatifs exclusifs.
« A ce stade, le patient est exposé à un triple risque : celui de recevoir un traitement toxique dont l'efficacité est incertaine, ou de le voir abandonner prématurément, celui de ne pas avoir accès à des thérapeutiques innovantes ; enfin, celui de ne pas bénéficier des traitements de confort les plus adaptés. D'où un nouveau concept : celui d'une pluridisciplinarité qui vise à évaluer et à réduire l'écart entre le projet médical et le projet de vie du patient », explique le Dr Jean-Philippe Durand.
Cette nouvelle pluridisciplinarité, mise en place à titre expérimental dans cette unité d'oncologie médicale du Pr Goldwasser, implique un temps d'évaluation de l'état global du patient (environnement, condition sociale, états somatique et psychique, attentes du malade...) afin d'apprécier sa vulnérabilité potentielle. Cela permet de définir le traitement le plus raisonnable et requiert l'avis de différents spécialistes (cancérologues, médecins de soins palliatifs), du médecin généraliste, un des acteurs essentiel de la prise en charge des patients, mais aussi du personnel paramédical (assistante sociale, psychologue, infirmier(e)s). Depuis avril 2002, plus de cent cinquante patients atteints de cancer en phase chronique ont bénéficié de cette nouvelle approche qui répond à la nécessité d'une prise en charge globale du patient cancéreux.
D'après un entretien avec le Dr Jean-Philippe Durand, médecin généraliste, oncologue unité d'oncologue, service de médecine interne 1, hôpital Cochin, Paris.
Journée d'amphi « Les médecins généralistes face au cancer »
parrainée par Amgen, mercredi 17 mars.
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