LES MORSURES d’animaux sont des accidents domestiques fréquents. Elles constituent près de 1 % de l’ensemble des consultations des services d’urgence chirurgicale. Et si les morsures de chien sont les plus graves, celles de chat ont un plus grand risque infectieux. Depuis une quinzaine d’années, leur nombre est stable. En France, on estime que le nombre d’enfants mordus chaque année est de 50 000 environ, dont 15 000 sont déclarés. 5 000 requièrent des soins médicaux, 400 sont hospitalisés, 80 ont des séquelles et 1 ou 2 décèdent. Deux tranches d’âges sont particulièrement touchées : les enfants très jeunes, entre 1 et 4 ans, et ceux âgés de 10 à 13 ans ; les garçons plus que les filles. Les chiens qui mordent sont le plus souvent de jeunes mâles. La plupart des morsures (7 cas sur 10) surviennent au domicile de l’enfant ou chez des amis et sont dues au chien de la maison. Les autres se produisent dans la rue avec un chien connu (2 cas sur 10) ou avec un chien inconnu (1 cas sur 10-15). Les morsures sont dues le plus souvent à des chiens familiers (berger allemand, labrador, cocker, caniche, terrier) ; les morsures infligées par des chiens dangereux (pitbull, rottweiller, doberman) sont plus rares, mais plus spectaculaires. Dans 20 à 25 % des cas, l’enfant et seul avec le chien et dans plus de 50 % cas, il n’est pas sous la surveillance d’un adulte ! dans 50 % des cas, les parents laissent l’enfant faire ce qu’il veut avec le chien, même en leur présence : l’enfant ne respecte pas le territoire du chien, lui tire l’oreille, la queue, etc. La localisation de la morsure est variable selon l’âge de l’enfant. Entre 1 et 4 ans, le visage est principalement touché (de 75 à 80 %) : joues, lèvres, nez, paupières, front. Entre 10 et 13 ans, ce sont d’abord les mains et les mollets, puis le visage qui sont concernés. Enfin, les lésions peuvent être situées à deux endroits différents, ce qui correspond à l’impact des canines opposées de l’animal ou à deux attaques.
Des séquelles esthétiques et fonctionnelles rares, mais graves.
La majorité des morsures d’animaux sont bénignes, notamment lorsque les plaies sont linéaires et simples. Cependant, certaines peuvent avoir des conséquences graves du fait d’une perte de substance ou si elles sont profondes, pénétrantes ou transfixiantes, selon la localisation de la lésion et lorsque la prise en charge est tardive. Des morsures au niveau du visage nécessitent le recours à des chirurgiens spécialisés afin d’éviter des séquelles esthétiques importantes. Si la morsure est située près d’un nerf ou d’un tendon musculaire, le risque de séquelles irréparables est considérable, si l’enfant n’est pas pris en charge dans l’heure qui suit l’accident. Enfin, le risque de séquelles infectieuses est élevé : une morsure sur quatre s’infecte. Les germes en cause peuvent être banals (staphylocoque, streptocoque), spécifiques de la salive du chien (pasteurelles) et être responsables de lésions sévères : cellulite importante, voire gangrène.
C’est la raison pour laquelle, devant toute morsure de chien, il convient de nettoyer rapidement la plaie à l’eau, avec une poire ou une douchette, pour faire sortir la salive du chien hors de la plaie ; le temps de contact de la salive sur la plaie étant corrélé avec le risque infectieux. Si la salive est enlevée dans les cinq à quinze minutes qui suivent la morsure, le risque est quasiment nul ; au-delà de deux heures, il est très élevé. Puis une désinfection locale (chlorexidine, solution iodée, ammonium quaternaire) est réalisée. Dans la plupart des cas, une antibiothérapie prophylactique est prescrite systématiquement : 50 mg/kg/j d’amoxicilline-acide clavulanique pendant dix jours.
Enfin, il convient de rassurer l’enfant et de l’écouter. Une étude réalisée en 2005 a montré qu’un enfant sur cinq présente un syndrome de stress posttraumatique, de six mois à un an après une morsure de chien. Afin de prévenir l’apparition de séquelles psychologiques, il est recommandé que l’enfant consulte une psychologue dans les quarante-huit heures afin qu’il puisse raconter ce qui s’est passé. S’assurer que la vaccination antitétanique est à jour. Enfin, envisager une vaccination antirabique si le chien n’était pas vacciné ou s’il s’agit d’un chien errant.
Une prévention ciblée sur les parents et les propriétaires de chien.
Les campagnes d’éducation ciblées sur le jeune enfant étant très difficiles, elles sont orientées vers les parents. Elles incitent à la vigilance et à la surveillance. Il est important de ne pas laisser un enfant seul avec un animal et de lui apprendre à respecter le territoire de l’animal. Enfin, des réglementations existent en France. Les chiens doivent être absents des parcs de jeux pour enfants et être tenus en laisse dans la rue. Quant aux chiens dangereux, ils doivent porter une muselière en dehors de leur domicile. Malheureusement, elles ne sont pas toujours appliquées.
D’où l’importance pour tout propriétaire de chien de les connaître et de les respecter.
D’après un entretien avec le Pr Bertrand Chevallier, service de pédiatrie, hôpital Ambroise-Paré, Boulogne.
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