Entretien avec Nayla Chidiac (1)
LA MÉDIATION ARTISTIQUE en psychiatrie consiste à utiliser une pratique artistique – peinture, modelage, musique, danse, théâtre, écriture – à des fins thérapeutiques. C’est une thérapie non verbale utile dans une prise en charge multidisciplinaire. Et si l’on dispose d’une équipe pluridisciplinaire rassemblant les diverses formes artistiques, comme c’est le cas au CEE (Centre d’étude et d’expression) de l’hôpital Sainte-Anne, tous les patients, en ateliers de groupe ou individuels, peuvent en tirer profit. Un patient en phase maniaque peut néanmoins constituer une contre-indication pour une prise en charge dans un groupe, une prise en charge individuelle pouvant être préférable. La seule réserve étant l’évaluation. Elle seule permet de poser, ou pas, l’indication d’une médiation artistique.
Évaluation.
Pour poser l’indication, il faut avoir une connaissance des différentes médiations artistiques. La phase d’évaluation et d’orientation relève donc d’un psychiatre ou d’un psychologue connaissant à la fois la structure psychique du patient et les différents ateliers proposés. Et le moment où l’on intervient dans la vie du patient est essentiel.
Par exemple : juste après un traumatisme psychique, on soignera d’abord l’état de choc et de sidération ; chez un patient très déprimé, on mettra d’abord en place un traitement médicamenteux. Ce n’est pas tant la pathologie qui guide l’indication mais là où en est le patient dans sa souffrance, ses blocages.
Plusieurs questions se posent : est-il souhaitable de proposer un dispositif non verbal ? Quelle forme de pratique artistique choisir ? Doit-elle se faire en individuel ou en groupe ?
Choisir une médiation pour un patient.
Quelle que soit la médiation artistique, elle doit favoriser la communication, ouvrir l’accès aux émotions, à l’imaginaire. Parce que la douleur psychique en bloque l’accès. La médiation développe aussi une certaine forme de valorisation narcissique, de l’ordre de la reconstruction. Comme dans toute thérapie, il s’agit d’élaborer le changement. On va donc retenir le processus artistique paraissant le plus opérant pour un patient donné. Et ce n’est pas a priori l’activité où le patient est le plus à l’aise (écriture pour l’écrivain par exemple), puisqu’il lui sera plus difficile de lâcher prise.
La prise en charge peut durer aussi longtemps que celle d’une psychothérapie verbale. Elle impose évaluation et suivi multidisciplinaires. Ce sont eux qui vont permettre de savoir quand passer la main. Par exemple, chez un patient agressé sexuellement, une fois passée la catharsis, abandonner l’écriture pour la danse, afin de travailler sur le corporel.
(1) Paris, auteur des Ateliers d’écriture thérapeutique (Masson 2013; deuxième édition).
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