« Nous sommes de plus en plus sollicités en consultation pour des enfants qui refusent d’aller à l’école »remarque le Dr Marie-France Le Heuzey (hôpital Robert-Debré, Paris) lors du 7e congrès de l’Encéphale. Elle précise que le refus scolaire a désormais remplacé la notion de phobie scolaire. Il faut également noter que depuis Jules Ferry, c’est l’instruction qui est obligatoire et non la scolarisation, un argument que défendent les partisans de la scolarisation à domicile. L'absentéisme défini par l’absence d'au moins quatre demi-journées dans le mois sans justification touchait, selon le ministère de l’Éducation, en 2007, 2,4 % des collégiens, 4,6 % des lycéens et jusqu'à 10,9 % des élèves des lycées professionnels. L’absentéisme sévère de plus de 10 demi-journées par semaine a tendance à augmenter. « Quand on rencontre un jeune qui dit ne plus pouvoir aller à l’école, il faut voir ce qui relève de l’école buissonnière et des troubles psychopathologiques », souligne la spécialiste. Lorsque le trouble a été défini en 1941, la distinction était simple entre le fait de "sécher les cours" et un état très anxieux paralysant. L’hétérogénéité des présentations cliniques a rendu caduc cet aspect dichotomique. On a ensuite différencié l’anxiété de séparation et la phobie pour introduire le concept de refus scolaire anxieux et les comorbidités dépressives.
Décortiquer la situation
L’attitude actuelle est de procéder de manière progressive en discernant d’abord les absences excusables à cause de maladie ou d’accidents et les absences non excusables à type d’ « angoisse ou d’ impossibilité irrationnelle d’aller à l’école ». Ensuite il faut décortiquer la situation et faire l’inventaire des troubles émotionnels et des troubles comportementaux. Parmi les troubles anxieux, on distingue l’angoisse de séparation, l’anxiété généralisée, la phobie, la panique ou le syndrome de stress post-traumatique. Le stress post-traumatique peut être imputable au racket ou au « bullying » lorsqu’un enfant est désigné comme la victime expiatoire du groupe. La fuite scolaire de l’anorexique par trouble du comportement alimentaire vis-à-vis de la cantine ou la stigmatisation de l’enfant obèse sont deux autres situations à identifier. Au total, le refus scolaire chez l’adolescent se caractérise par la multiplicité diagnostique où coexistent l’anxiété de performance, la phobie sociale, le dysfonctionnement parental sur lesquels se greffent, plus ou moins, les difficultés pédagogiques et les agressions sociales. L’hyperinvestissement parental joue un rôle important dans la course à la performance qui crée les circonstances propices à la situation de rejet. Pour le Dr Le Heuzey, « Le refus scolaire n’est pas anodin ». Il s’inscrit dans quatre axes : l’évitement de situations scolaires spécifiques, la fuite de la confrontation sociale et de l’évaluation, la recherche de la proximité des parents et le renforcement tangible en dehors de l’école ». La spécialiste cite le cas d’une jeune fille ayant un précepteur et continuant à faire des activités sportives extra-scolaires, « Tout bénéfice pour elle ». La spécialiste poursuit : « Sauf cas graves, je suis opposée à inscrire trop vite l’enfant à l’enseignement à distance car cela peut bétonner la situation ».
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