Ce n'est pas qu'on ne meurt pas dans les films mais la fin de vie est rarement montrée, ou alors comme un élément d'une action qui se poursuit ensuite sans souci. Jean-Pierre Améris, lui, fait « des films pour montrer ce que l'on ne veut pas voir, pas du tout dans une perspective provocatrice, mais au contraire pour que lesspectateurs aient moins peur de ce qu'ils redoutaient ou fantasmaient jusque là ».
Son 4e long métrage (après « le Bateau de mariage », « les Aveux de l'innocent» et « Mauvaises fréquentations ») part d'un récit du livre « la Mort intime », inspiré à Marie de Hennezel par son expérience en soins palliatifs. Il suit Dimitri, son héros, quand il quitte son appartement marseillais pour se rendre dans un établissement pour malades en fin de vie.
Un « mouroir », selon les premières impressions de Dimitri. Mais La Maison, à Gardanne (Bouches-du-Rhône), qui existe bel et bien et accueille une douzaine de patients, n'est pas un établissement comme les autres. Et le réalisateur, quand il l'a visité, a fait le chemin que va parcourir Dimitri, « qui passe par le déni, la peur, le rejet, jusqu'à la découverte que, jusqu'au bout, il peut survenir de l'imprévu, de la joie, de l'amour ». Améris a mêlé plusieurs grands malades de La Maison aux acteurs professionnels et le cuisinier du lieu, Thierry, joue son propre rôle. D'où, outre la délicatesse de la caméra, un sentiment d'authenticité qui rend d'autant plus poignant le récit de la souffrance et de la peur. Et également, tout de même, un léger malaise d'être mis en position de voyeurisme.
Un malaise vite dépassé car « C'est la vie » est aussi, à sa manière, une comédie sentimentale. A savoir, selon les schémas classiques, la rencontre d'un homme et d'une femme qui, au début, s'accrochent, se disputent, avant de tomber dans les bras l'un de l'autre. Sandrine Bonnaire, dans un registre qui lui est familier, est souriante, rayonnante, chaleureuse. Et toujours juste.
Mais c'est Jacques Dutronc qui justifie pleinement et le film et le titre, dans ce « rôle de décomposition », ainsi qu'il le qualifie avec son humour habituel. Il sait incarner dans la même expression l'angoisse et la gaieté, l'extrême douleur et le bonheur, le refus et l'espoir. La mort et la vie intimement mêlées.
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