GÉNÉRER DES CELLULES souches à partir de lignées cellulaires prélevées sur du tissu adulte présente des avantages certains pour la réalisation de thérapie cellulaire. D'une part, cela permet d'éviter les problèmes éthiques liés à l'usage de cellules souches embryonnaires. D'autre part, cela offre le potentiel d'utiliser les propres cellules d'un malade pour son traitement.
Une équipe allemande rapporte avoir réussi à obtenir des cellules souches humaines à partir de spermatogonies prélevées sur des testicules humains adultes.
Normalement les spermatogonies sont une catégorie de cellules précurseurs unipotentes prédéterminées pour une différenciation vers les gamètes. Mais «différents arguments laissent supposer que, dans certaines circonstances, les cellules des lignées germinales ont le potentiel de devenir multipotentes.»
Les qualités attendues pour la thérapie cellulaire.
En effet, en septembre dernier, une équipe publiait avoir réalisé cette différenciation à partir de cellules spermatogoniales prélevées sur des testicules de rat (M. Seandel et coll. « Nature » du 20 septembre 2007). Les auteurs avaient obtenu des cellules douées de toutes les qualités attendues pour la thérapie cellulaire et capables de se différencier en cellules endothéliales, cardiaques contractiles ou nerveuses (lire le « Quotidien » du 20/09/2007).
Dans ce dernier travail, Sabine Conrad et coll. ont utilisé 22 parenchymes testiculaires humains différents, obtenus à l'occasion de biopsies ou d'orchidectomies. Les anomalies ont été exclues à l'exception des azoospermies comportant une spermatogenèse résiduelle.
Ils expliquent avoir mis au point une méthode raffinée de mise en culture, puis avoir réalisé une caractérisation des cellules obtenues, «révélant de nombreuses similitudes avec des cellules souches embryonnaires humaines. Ces cellules ont produit des tératomes après transplantation chez des souris immunodéficientes».
Il faut savoir pour comprendre cela que le terme de multipotence est défini différemment en recherche humaine ou murine. Les critères de la NIH incluent, dans le cas de la multipotence humaine, la formation d'un tératome, en plus des analyses pour les facteurs de transcription et les gènes associés à la pluripotence.
Les tératomes, qui sont des tumeurs contenant différentes sortes de cellules et de tissus formés à partir des trois types de tissus embryonnaires à différents stades de maturation, surviennent presque exclusivement dans les gonades.
Une supplémentation par un facteur de croissance.
La méthode qu'ont développée ces auteurs pour obtenir des cellules souches adultes à partir des cellules prélevées par biopsies permet une mise en culture sur une longue période et l'obtention de cellules stables. Le milieu comprend une supplémentation par un facteur de croissance dénommé LIF (Leukemia Inhibitory Factor), important pour obtenir le résultat escompté.
«L'analyse moléculaire des cellules révèle qu'elles ont changé de propriété, perdant leurs caractéristiques de cellules spermatogoniales et acquérant des profils d'expression similaires à ceux des cellules souches embryonnaires humaines.» Tout comme des cellules souches germinales des souris nouveau-nées et adultes, les cellules souches adultes humaines sont très polyvalentes et peuvent donner lieu aux différents types cellulaires des trois sources cellulaires embryonnaires.
Il y a des différences considérables entre les cellules souches embryonnaires des humains et des murins, ajoutent les auteurs. Les mécanismes cellulaires et moléculaires qui régulent la prolifération et l'acquisition du caractère multipotent ne sont pas connus, mais font l'objet de recherches actives.
« Nature », édition en ligne.
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