Depuis son premier film comme réalisateur (« Un frisson dans la nuit », en 1971), Clint Eastwood a rarement déçu. On dit qu'il alterne bon an mal an un film pour le studio (Warner Bros) et un film plus personnel. Après « Créance de sang », dans lequel il jouait, « Mystic River » relève de cette deuxième catégorie. Le sujet, avec sa complexité et son évocation de la pédophilie, présentait des risques d'un point de vue commercial. Dès sa lecture du roman de Dennis Lehane, Eastwood avait retenu les droits et décidé d'en faire l'adaptation à l'écran.
Trois gamins, Jimmy, Sean et Dave, jouent dans une rue d'un faubourg difficile de Boston, non loin de la Mystic River. Un drame va les séparer : Dave est enlevé et séquestré par deux hommes. Un autre drame, vingt-cinq ans plus tard, les réunit à nouveau. Sean, brillant policier, enquête dans le quartier sur un assassinat qui touche de près ses deux anciens copains.
Le poids du crime initial, même sur ceux qui n'en ont pas été les victimes directes, c'est ce qui a intéressé au premier chef Eastwood. Tout en ayant, avec le scénariste Brian Helgeland, lui-même originaire de Boston, élagué le roman foisonnant de Lehane, il en a gardé la structure essentielle et la forte caractérisation des personnages principaux. Le cinéaste s'est aussi attaché, et ce n'est pas la moindre des qualités de son film, à recréer l'atmosphère de la ville, du lieu qui donne son titre à l'histoire.
Pas question de jouer cette fois. Il fallait surtout ne pas être distrait de l'histoire à raconter. Mais Eastwood s'est entouré des meilleurs : Sean Penn, Tim Robbins, Kevin Bacon, pour ne citer que les trois rôles principaux. Ils se sont donnés à fond à leur tâche. Un peu trop, même. Sans doute poussés par la mise en scène dramatisante, les acteurs surjouent des scènes qui auraient demandé plus de discrétion. D'autant que ces scènes, ces affrontements, on les a déjà vus maintes fois au cinéma.
Clint Eastwood, réalisateur et acteur chevronné (il a 73 ans), déçoit rarement. « Mystic River » est un film classique, un récit dramatique bien agencé autour de personnages bien trempés. On aurait seulement aimé qu'il nous surprenne aussi.
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