Décidément, on en a trop fait sur le H1N1… Un an après la crise de l’automne 2009, et après trois rapports parlementaires plutôt critiques sur la gestion de cette grippe pas comme les autres, voilà que les experts rendent à leur tour un verdict sans appel. Trois études publiées ces jours-ci voient en effet s’effondrer la plupart des évidences de la rentrée dernière. D’abord, cette grippe était plutôt moins méchante que les précédentes. Les médecins généralistes, n’avaient bien évidemment pas attendu ce « scoop » pour s’en rendre compte, mais cette fois, c’est la prestigieuse « Marshfield Clinic Research Fondation » du Wisconsin qui le confirme dans le JAMA.
Patatras ! À Boston en début de semaine, deux autres communications relatives au H1N1 présentées à l’ICAAC, principal congrès sur les maladies infectieuses, ont encore douché les certitudes. Primo, l’efficacité de la désinfection des mains, comme moyen de prévention, qui jusque-là faisait consensus, est remise en cause, la transmission orale semblant bien le principal vecteur de contagion. Secundo, en France, on s’est, semble-t-il, affolé beaucoup trop tôt. L’épidémie aurait même été déclarée avec deux mois d’avance, conclut une étude du service de microbiologie de l’hôpital parisien Saint-Louis, selon laquelle seuls 16 % des syndromes grippaux relevés en septembre et octobre 2009 relevaient effectivement du H1N1, tandis que d’autres germes – des rhinovirus, souvent - étaient retrouvés dans 51 % des échantillons analysés !
Ces constats viendront bien entendu s’ajouter aux reproches faits aux politiques – et en particulier à Roselyne Bachelot – d’avoir confondu vitesse et précipitation. Pour autant, il ne faudrait pas qu’après avoir surréagi sur la crise du H1N1, les autorités sanitaires sous-estiment les menaces infectieuses émergentes. Le développement des résistances aux antibiotiques, à laquelle nous contactons notre dossier ne lasse pas d’inquiéter les spécialistes qui étaient réunis à Boston cette semaine. La découverte cet été du NDM-1 a contribué à médiatiser le phénomène. Mais au-delà, le développement de l’antibiorésistance en ville pour des bactéries communautaires est déjà devenu un enjeu de santé publique. Imagine-t-on demain le décès d’une femme de 25 ans victime d’une infection urinaire ? Ce serait un scénario catastrophe. Mais est-il si improbable, si l’on ne s’empare pas rapidement du problème ?
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