DEPUIS 2002, la Caisse nationale d'assurance-maladie (Cnam), par des campagnes d'information, sensibilise patients et médecins à une nécessaire baisse de la consommation d'antibiotiques, dont les Français sont trop friands. Avec des résultats notables puisque, en deux ans, cette consommation a chuté de 16 % au niveau national, toutes tranches d'âge de patients confondues. Chez les enfants de 0 à 6 ans, cette baisse atteint même les 20,6 % - ils étaient d'ailleurs la cible principale de cette campagne car des études scientifiques récentes ont montré que le nombre d'échecs thérapeutiques à l'antibiothérapie augmente dans cette classe d'âge.
Avec 16 % de baisse de consommation, ce sont 6,4 millions de traitements inappropriés qui ont été évités, et dans le même temps, la proportion de pneumocoques très résistants à la pénicilline est passée de 21 % à 11 %.
Des cantons surconsommateurs.
Cependant, comme toute statistique, les chiffres de l'assurance-maladie cachent de grosses disparités : six départements (Paris, la Creuse, la Dordogne, le Cantal, la Lozère et la Corse du Sud) ont des consommations d'antibiotiques égales à 0,48 prescription par ordonnance, alors qu'à l'autre bout du tableau le Maine-et-Loire et l'Indre-et-Loire n'ont que 0,23 prescription par ordonnance. Des disparités qui s'accentuent quand l'analyse se fait à une échelle plus fine : dans certains cantons, les généralistes prescrivent jusqu'à une boîte et demie d'antibiotiques par consultation ou visite, sept fois plus que dans les cantons les moins consommateurs où une boîte est prescrite pour 5 ordonnances.
A l'origine du problème, selon les caisses, il y a un malentendu entre patients et médecins, chacun pensant satisfaire la demande de l'autre en considérant l'antibiotique comme « LA » solution : « Les parents croient pouvoir déverrouiller la situation grâce aux antibiotiques, et le médecin sait par expérience que l'antibiotique rassure les parents, et imagine que c'est ce qu'ils attendent. »
Ces importantes disparités de prescription incitent évidemment les caisses à poursuivre leur action de communication, appuyée sur un slogan simple et efficace : « Les antibiotiques, c'est pas automatique ». Les spots télévisés de l'année dernière seront rediffusés entre le 4 novembre et le 5 décembre sur les chaînes hertziennes, des chroniques d'information seront diffusées à la radio entre le 6 et le 29 décembre et des brochures d'information seront disponibles cet hiver dans les crèches et les écoles maternelles. Enfin, un site Internet (1) mettra en ligne des informations pratiques sur les infections de la petite enfance, avec des conseils de pédiatres et des explications d'experts. L'objectif des caisses est d'arriver à une baisse de la consommation d'antibiotiques d'au moins 25 % à l'horizon 2007.
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