Pour répertorier « les croyances et les opinions du grand public » sur les relations entre le stress et l'HTA, à la demande du CFLHTA (Comité français de lutte contre l'hypertension artérielle), la SOFRES a réalisé une enquête, en mai dernier, auprès de 2 000 personnes âgées de plus de 35 ans, représentatives de la population générale.
Pour 93 % des Français, le mode de vie, l'environnement jouent un rôle dans l'apparition de l'hypertension artérielle. 82 % estiment que la part du stress dans les problèmes d'hypertension est importante. Presque 84 % des personnes interrogées pensent que le stress de la vie quotidienne influence les chiffres de pression artérielle. 61 % déclarent que le stress de la vie professionnelle a une influence sur l'hypertension. Et 61 % des personnes interrogées estiment que leur mode de vie actuel est stressant du fait de différents facteurs : activité professionnelle (60 %), style de vie (60 %), tracas et inquiétudes relatives à la santé (51 %), conditions de vie (44 %), vie familiale (41 %). Plus étonnant, plus d'un Français sur deux (53 %) pensent que l'hypertension artérielle peut être une cause de stress, une notion peu prise en compte par le médecin. Enfin, 29 % pensent que l'hypertension est identique à ce qu'est appelée « la tension nerveuse ».
A partir de ce sondage, trois grandes classes d'individus ont été distinguées en fonction de leur perception différente de l'influence des facteurs de stress sur l'apparition de l'HTA. Tout d'abord, « les sujets tendus », des femmes et des employés essentiellement, représentent 50 % des sujets sondés. Pour eux, le lien entre stress et HTA est évident. Le stress, qu'il soit lié à la vie professionnelle ou familiale, a une forte influence sur l'apparition de l'HTA. Le deuxième groupe, représentant 32 % des personnes interrogées, réunit ceux pour qui la part du stress dans l'HTA est secondaire. L'influence des facteurs de stress cités dans l'enquête sur l'apparition de l'HTA est selon eux très relative. Ces personnes sont surtout des hommes, jeunes, dénués d'hypertension. Enfin, le troisième groupe (18 %) est composé de ce que l'on peut appeler « des sujets relax », essentiellement des hommes avec un mode de vie « peu ou pas stressant, pour qui HTA et stress n'ont pas vraiment de lien ».
Continuer à traiter quand le stress a disparu
A partir de cette enquête, très riche en enseignements, le CFLHTA a, avec un groupe d'experts, réalisé un petit livret d'informations destiné à informer les patients hypertendus et le grand public sur les liens entre stress et hypertension artérielle, deux pathologies bien distinctes, destiné « à balayer les fausses idées » sur leur association. Plus de 200 000 exemplaires seront disponibles chez les médecins généralistes, les pharmaciens et sur le site Internet du CFLHTA (www.comithta.org).
De ce livret, très clair, on retiendra en premier lieu que si le stress a bien des retentissements sur l'appareil cardio-vasculaire (élévation passagère de l'HTA, accélération de la fréquence cardiaque...), il n'est pas à l'origine de l'HTA. « Apprendre à gérer son stress est utile pour un individu hypertendu, mais il faut de toute façon traiter son hypertension. » Autre notion bien soulignée dans ce recueil pour supprimer de fausses idées, les traitements pour une HTA bien identifiée doivent être poursuivis même lorsque le stress, lié à la vie professionnelle ou sociale, s'achève (vacances, retraite...). Pour le Pr X. Girerd, « cette notion est importante, car légion sont les patients hypertendus qui abandonnent leurs traitements pendant les périodes de repos, à la retraite... et les conséquences sont souvent dramatiques ». La lecture de ce livret devrait être aussi instructive pour le médecin généraliste, qui, ainsi, pourra mieux « corriger les fausses idées de ses patients » chez qui une hypertension artérielle a été diagnostiquée.
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