APPELÉ par Roselyne Bachelot, le 9 janvier 2008, à apprécier l'impact du plan Cancer 2003-2007, afin de définir les principales orientations du futur programme quinquennal sur les tumeurs malignes, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) vient de publier de premiers résultats.
En s'appuyant, notamment, sur les données de l'Institut national de veille sanitaire et de l'INSERM, il note que, au cours des vingt-cinq dernières années, le nombre de cancers a augmenté de 93 % chez l'homme et de plus de 84 % chez la femme. Dans le même temps, la mortalité enregistrait une baisse de 24 %. Cette divergence s'explique par une diminution des cancers les plus graves (oesophage, estomac), et une hausse des cancers de meilleur pronostic (sein, prostate), due sans doute à un dépistage accru et à une amélioration des pratiques médicales, commente le HCSP.
Moins d'alcool, plus de fruits et de légumes.
En ce qui concerne la prévention et les facteurs de risque, Renée Pomarède, secrétaire générale du HCSP, rapporte pour « le Quotidien » «un certain nombre de résultats tout à fait positifs». Dans le domaine du tabagisme, le taux de fumeurs n'est plus que de 30 % chez les hommes et de 21 % chez les femmes, la loi de santé publique du 9 août 2004 ayant pour objectif d'abaisser la prévalence de 33 à 25 % et de 26 à 20 % d'ici à 2008.
Parallèlement, l'incidence du cancer du poumon chute de 0,5 % par an dans la population masculine entre 2000 et 2005, tandis qu'elle progresse de 5,8 % chez les femmes sur la période considérée. On compte désormais 30 651 nouveaux cas de cancer du poumon, dont 78 % pour l'homme, et 26 624 décès (2005). Au chapitre alcool (pur), la consommation annuelle moyenne par habitant tombe de 14,4 l en 1999 à 12,9 l en 2006. Il s'ensuit une baisse des décès par cancer des voies aérodigestives supérieures – l'un des marqueurs majeurs de l'alcoolisme chronique – de 31,8 % pour 100 000 en 2000 chez l'homme à 27,5 en 2005, une stabilisation autour de 5 pour 100 000 étant observée dans la population féminine.
Les visées de la loi sont largement respectées en matière de prévention nutritionnelle avec 35 % seulement de « faibles consommateurs de fruits et de légumes » pour un taux recommandé de 45 %, contre 60 % en 2000. Des efforts sont à faire toutefois, chez les enfants, qui sont 58 % à manger peu de fruits et de légumes (voir encadré).
Dans la lutte contre l'obésité, les attentes du législateur étaient une réduction de 20 % de la prévalence chez les adultes. En 2006, l'obésité et le surpoids touchaient respectivement 16 % et 41 % des hommes et 18 % et 24 % des femmes.
En matière d'activité physique – au moins 30 minutes, cinq fois par semaine –, 64 % des hommes déclarent en avoir (60 % en 2003) et 62,5 % des femmes (40 %), les objectifs 2008 se situant à 75 % pour les uns et à 50 % pour les autres.
Globalement, la culture santé publique gagne du terrain, même si des études sectorielles pondèrent les résultats, en particulier chez les jeunes quant à l'usage immodéré de boissons alcooliques (ivresse). Par ailleurs, tient à souligner par honnêteté intellectuelle Renée Pomarède, tous les acquis mis en avant ne sauraient être directement ou exclusivement attribués au plan Cancer, les plans Nutrition Santé et Environnement pouvant y avoir également leur part. À la fin de l'année, le HCSP fera connaître son évaluation définitive du plan Cancer, portant sur chacune des 70 mesures qui le composent.
Le rapport est disponible sur le site www.hcsp.fr.
Un rapport de la Cour des comptes
La Cour des comptes rendra public, le 12 juin, un rapport sur les conditions de mise en oeuvre du plan Cancer 2003-2007. L'institution a en charge l'évaluation des politiques publiques en général. Hormis les demandes du Parlement, elle procède par autosaisines.
Une lettre ouverte à Bachelot
Dans une lettre ouverte signée par plus de 1 500 membres des professions de santé, le président du plan Nutrition Santé, le Pr Serge Hercberg, soutenu par la Société française de santé publique, demande à la ministre de la Santé d'intervenir auprès des industriels de l'agroalimentaire afin qu'ils autorégulent leurs publicités à la télévision en direction des jeunes. Si ces derniers continuaient à faire fi de la santé publique, il serait souhaité que Roselyne Bachelot leur impose des normes, voire interdise ces annonces ciblées sur la jeunesse, comme c'est le cas outre-Manche.
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