Infarctus au féminin
UNE BONNE NOUVELLE est la diminution importante de la mortalité par infarctus du myocarde chez les femmes diabétiques, de - 44,5 %, au cours de la dernière décennie, selon une étude menée à partir des données du National Registry of Myocardial Infarction (1994-2002), où sont consignées des données concernant environ 1,4 million de patients ayant eu un infarctus du myocarde.
La proportion des diabétiques dans cette cohorte est de 29 % (le risque cardio-vasculaire est multiplié par trois chez les diabétiques hommes ou femmes). La mortalité a chuté aussi chez les femmes non diabétiques, de 34 % (contre - 30 % chez les hommes diabétiques et - 23 % chez les hommes non diabétiques), a précisé la principale investigatrice de l'étude, Garren McGuire (université du Texas).
Le registre montre aussi que la proportion générale des diabétiques est passée de un quart à un tiers pendant cette période, parce qu'un nombre plus important de diabètes ont été développés, mais aussi parce que la population vieillit (l'âge moyen de la cohorte est passé de 68 à 71 ans).
Les résultats sont le reflet de l'amélioration des techniques de traitement, notent les auteurs, qui ont observé que l'écart qualitatif en matière de soins prodigués aux femmes et aux hommes tend à se réduire. Ce qui est, selon eux, le résultat des programmes destinés à améliorer la prise en charge et lancés par l'American Heart Association. Tels des questionnaires en ligne qui sont envoyés aux praticiens pour leur demander s'ils ont tout fait pour chaque patient, alors qu'ils sont en train de préparer sa sortie de l'hôpital.
Mais il y a aussi, une mauvaise nouvelle : l'ischémie coronaire demeure insuffisamment diagnostiquée chez les femmes, car mal identifiée. Si la mortalité après un infarctus du myocarde diminue, celle liée à l'ischémie coronaire reste trop élevée. D'après les résultats de l'étude WISE (Women's Ischemic Syndrom Evaluation), la mortalité et le taux d'insuffisance cardiaque un an et après un syndrome coronaire aigu restent deux fois plus élevés que ceux des hommes.
Chez les femmes, les symptômes sont plus souvent atypiques, les coronarographies peu démonstratives (artères de petit calibre, sténose moins serrées et plus étendues) et les épreuves d'effort non informatives. Les maladies se déclarent en moyenne dix ans plus tard que chez les hommes, a rappelé le Dr Carl Pepine, président de l'ACC lors de l'inauguration d'une campagne de sensibilisation au « profil féminin » des ischémies coronaires, la « Red Dress Campaign », matérialisée par l'exposition de robes rouges dessinées par des grands noms de la couture pendant la durée du congrès.
Un espoir réside dans une amélioration de la prise en charge des femmes qui pourrait être réalisée en adoptant des techniques diagnostiques plus appropriées à leur profil. Comme l'IRM, qui mieux que les méthodes conventionnelles pourrait permettre d'évaluer la perfusion du myocarde féminin après un premier accident cardiaque (Mark Doyle, Pittsburg). Les résultats d'une comparaison réalisée dans le cadre de l'étude WISE en témoignent.
Chez 133 femmes qui ont eu un scanner et une IRM, ce dernier examen a été plus précis pour détecter une hypoperfusion locale ou diffuse du myocarde.
Les praticiens ont mis au point une cotation des résultats de l'IRM, ce travail démontre qu'un score bas est associé à une multiplication par sept de la probabilité de décès ou d'infarctus du myocarde à trois ans, comparativement aux femmes qui avaient un score haut.
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