CLASSIQUE
Ohad Naharin, né en 1952, le seul chorégraphe israélien de stature internationale, dont les débuts à Paris datent de 1997, avec la pièce provoquante « Z/na », présentée au Théâtre de La Ville, a eu les honneurs de l'Opéra de Paris où il a réglé pour les danseurs du ballet un « Perpetuum » d'excellente mémoire. Depuis, on a pu apprécier aussi des pièces comme « Black Mill » à Lyon ou « Sabotage Baby » au Théâtre de La Ville, dignes de sa réputation de trublion.
C'est un spectacle du même cru qu'il a présenté au Muziektheater : « Naharin's Virus », à la fois d'une sagesse de vocabulaire et d'esthétique et d'une provocante politisation inspirée par la condition palestinienne, que le public amstellodamois, un des meilleurs publics d'Europe, a bien reçu avec la bonhomie qui le caractérise.
Fondée en 1964 par la baronne Batsheva de Rothschild et Martha Graham, la Batsheva Dance Company est établie en résidence à Tel Aviv. Naharin y fait travailler ses danseurs venus du monde entier comme un forcené « pour les rendre plus vulnérables et efficaces ». C'est en effet une compagnie en très bon état de marche et même de virtuosité qu'il a présentée avec cette pièce, « Naharin's Virus », sur un texte de Peter Handke et sur des musiques de Barber, D'Alessio et des chants palestiniens de Habib Alla Jamal, qui commence avec des inscriptions par des danseurs sur un grand tableau noir, alterne un certain nombre de numéros au vocabulaire assez classique, quoique souvent acrobatique, et s'achève par des déclarations sur la race humaine semblant adressées autant à l'humanité qu'aux spectateurs pris en otages et dont on se gardera bien de juger la valeur, la portée et l'impact politique en des temps aussi troublés.
D'un autre ton et de teinte hispanisante était le programme « Carmen », de l'excellente compagnie classique néerlandaise Het Nationale Ballet dont on a souvent vanté ici même l'interprétation des ballets de Tchaïkovski, « la Belle » et surtout un exquis « Casse-Noisette et le Roi des Souris », repris quasiment chaque hiver au moment des fêtes.
La compagnie a aussi un large répertoire contemporain comme dans ce programme, consacré à des pièces de Hans van Manen, Krzysztof Pastor, chorégraphe en résidence dans la compagnie, et de Ted Brandsen, qui succédera à Wayne Ealing à la direction artistique du HNB en juillet prochain. C'est d'ailleurs un programme comportant des pièces des mêmes chorégraphes que le HNB présentera en tournée au Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines les 16 et 17 mai prochain. De ces trois pièces, on placera bien au-dessus les « 5 Tangos », de Hans van Manen, dansés sur cinq tangos pour bandonéon et orchestre d'Astor Piazzolla. Le tango a la cote aux Pays-Bas depuis le mariage du prince héritier Willem-Alexander avec la belle Argentine Máxima et le fait que c'est le bandéoniste néerlandais Carel Kraayenhof, élève de Piazzolla ayant mis le pays en émoi en jouant au mariage princier, rehaussait encore le niveau d'intérêt de cette superbe chorégraphie, créée à Amsterdam en 1977, somptueusement interprétée par les danseurs de la compagnie.
On sera moins dithyrambique au sujet de la « Carmen », de Ted Brandsen (1999), qui a le lourd handicap d'être chorégraphiée sur l'abominable arrangement « Carmen Suite » de Rodion Shchedrin, compositeur officiel en son temps du régime communiste d'URSS. Malgré le talent d'Igone de Jongh et de Federico Bonelli, Carmen et José, la pièce ne décolle jamais et reste au niveau d'une plate explication de texte. Superbe, en revanche, « Si después de morir », de Krzysztof Pastor, création mondiale de ce triptyque, chorégraphie d'une pureté de ligne et d'expression impeccablement dansée par huit danseurs sur des musiques de Mauricio Sotelo et sur le chant antique qui donne son nom à la pièce, interprété avec une sauvagerie vocale prenant les tripes par le chanteur de flamenco José Arcángel. Une belle soirée et une compagnie à découvrir lors de sa tournée prochaine en France.
Muziektheater Amsterdam (00.31.20.6.255.455). Prochain programme du Het Nationale Ballet : « New York Masters » (Robbins/Graham/Balanchine) du 18 mars au 6 avril. La compagnie sera au Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines (01.30.96.99.00) les 16 et 17 mai, avec un programme Brandsen/Pastor/Van Manen.
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