DANS LA PETITE SALLE des Mathurins, on s’accroche d’entrée à son excellent fauteuil : sur la scène, deux grands cercueils vont s’ouvrir et nous dévoiler deux squelettes sur lesquels pendent encore quelques lambeaux de vêtements. Ils vont danser comme des marionnettes, animés avec cocasserie. Ce décor de Claude Plet est parfait et les moments endiablés par la danse…macabre sont réjouissants.
Surgissent les « personnages », ces squelettes retrouvent leur chair d’antan. Et quelle chair ! En velours vert, comme une amazone superbe dans sa longue jupe et sa veste cintrée (costume de Magali Segouin), Cyrielle Claire, badine à la main, est souveraine en Artémise. En nuisette rose bien sexy et petits escarpins assortis, Marie Le Cam est une délicieuse Babeth.
Elles sont copines de cimetière. Elles regardent passer les trains. Elles veulent croire en la résurrection de la chair et en la vie éternelle. Elles espèrent. Pour le moment, Babeth voudrait bien que ses anciens soupirants ne l’embêtent plus – certains sont réincarnés en oiseaux de mauvais augure – et Artémise se demande s’il n’y aurait pas là un moyen de survie.
L’une est intelligente et autoritaire, l’autre est émotive et naïve. Toutes les deux sont irrésistibles et l’on ne cesse de rire. Dans les lumières de Stéphane Balny, Thomas Le Douarec met en scène avec beaucoup d’esprit cette pièce écrite pour la radio dans laquelle la fantaisie de René de Obaldia se déploie sans contrainte. C’est drôle. Mais c’est grave aussi. Cela va plus loin qu’un simple divertissement débridé. Marie Le Cam est excellente, pleine d’humour et de vitalité touchante. Cyrielle Claire est remarquable. Belle et irrésistible, fine, subtile. Elle a beaucoup d’esprit. On est ravi de la retrouver dans ce registre, à la haute école de maître Obaldia dont elle connaît très bien l’uvre. Un divertissement idéal.
Théâtre des Mathurins (01 42 65 90 00), petite salle, à 20 h 45 du mardi au samedi et en matinée à 15 heures le dimanche. Durée : 1 h 15.
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