L A recherche européenne a les honneurs de la revue « Science » (13 juillet), à travers un éditorial de Philippe Kourilsky, le directeur de l'Institut Pasteur, à l'occasion d'une section spéciale sur l'immunologie et les vaccins.
C'est un appel à l'unification de l'immunologie européenne que lance Philippe Kourilsky, pour que l'Europe « maintienne sa prééminence sur la scène immunologique mondiale » et puisse affronter la concurrence américaine. Car les motifs d'inquiétude sont nombreux : les fonds moins importants, le départ aux Etats-Unis de chercheurs de pointe et la fermeture de l'Institut d'immunologie de Bâle, considérée par certains comme symbolique du changement d'attitude envers la recherche fondamentale en immunologie.
L'immunologie européenne perd du terrain, estime Philippe Kourilsky, mais rien n'est perdu. A condition que l'on résolve d'urgence les problèmes majeurs que sont le financement de la recherche (en investissant une part aussi importante du PNB que les Etats-Unis et le Japon) et surtout son organisation. L'exemple de la recherche sur le génome est parlant. L'Europe a montré son savoir-faire avec le séquençage du génome de la levure, mais cela ne peut cacher une « faiblesse majeure » de la génomique : la plupart des ressources sont situées aux Etats-Unis, car l'Europe a été moins efficace dans l'organisation des secteurs de la biologie où des investissements massifs sont nécessaires, d'autres projets ambitieux (biologie moléculaire, CERN...) ayant souvent été préférés. « Quelle ironie, juge Philippe Kourilsky, que la route de l'analyse du génome humain pavée par le centre d'étude du polymorphisme humain en France ait été suivie avec plus de rigueur aux Etats-Unis qu'en France et en Europe. »
La solution est peut-être dans une agence qui, comme les National Institutes of Health américains, répartirait les fonds sur des bases scientifiques et non de répartition entre les différents pays. Quoi qu'il en soit, il reste des raisons d'être optimiste. A condition « que les scientifiques, plutôt que les bureaucrates, montrent la voie ». « Est-ce un rêve irréaliste ? », conclut Philippe Kourilsky.
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