Classique
C'est autour de Nijinski, dans l'ombre du Faune, si l'on veut, que s'est ouverte à Uzès cette manifestation prisée que codirigent Marie Caër et Didier Michel avec le souci de toujours faire évoluer les choses tant artistiquement que pour le confort du spectateur. Cette année, des « jauges » réduites ajoutent à la proximité des spectacles et un délicieux « Café Nijinski » aux bougies s'est ouvert dans la cour de l'Évêché, dont les accueillantes chaises longues, c'est un comble, vous feraient oublier l'heure du spectacle. Ou presque ! Car on s'en serait voulu d'avoir manqué les débuts à Uzès du danseur et chorégraphe finlandais Tero Saarinen, qui, avec « Hunt », un solo époustouflant sur « le Sacre du printemps » de Stravinsky, fait oublier tout ce que l'on a accumulé dans la mémoire sur le sujet. Solo, masculin, tout semble contredire l'argument, et pourtant ce danseur hyper-doué, fils du Ballet national de Finlande et fondateur depuis 1996 de sa propre compagnie, renouvelle le propos avec la complicité de Marita Liulia, une pionnière du multimédia. Un immense tutu descendant du ciel vient interrompre sa danse d'une souplesse de liane, il l'enfile et danse dans la magie des projections distillées avec virtuosité sur lui et alentour. Qu'il s'y joue des grands mythes du ballet classique importe peu ! On a plus l'impression qu'il est hanté par Nijinski et, quand s'achève son dernier bond, on reste frustré que tout ne recommence pas au début. Assurément un des solos les plus étonnants vus ces dernières années.
Nijinsky in loco
Autre événement de ce festival, « La Dernière danse » est une adaptation de Christian Dumais-Lvowski des « Cahiers » de Vaslav Nijinsky, déjà présentée en Avignon il y a dix ans, écrits désespérés de l'internement psychiatrique dans lequel le danseur russe a fini sa vie. Cette mise en scène de Bunny Godillot était présentée au mas Careiron, autrefois somptueuse propriété, ce dont attestent les essences rares qui peuplent l'immense parc, et aujourd'hui hôpital psychiatrique départemental. Mise en scène fort réduite, et c'est tout le talent de l'acteur franco-américain Tercellin Kirtley, Nijinski physiquement et vocalement très crédible, de faire passer avec émotion un texte si pathétique, contradictoire et décousu, auprès de spectateurs liquéfiés par la canicule. Accompagné par Gregor Rollet, musicien faunesque, qui jouait une sorte de double psychique du danseur par le biais de percussions, guitare et un peu de musique enregistrée, Kirtley dévidait in loco ce long et difficile monologue d'une heure trente de la folie d'un homme qui se sait génial et malgré tout condamné. Un grand moment de la huitième édition d'une manifestation au climat si intimiste, que l'on ne saurait conseiller de découvrir avant qu'elle ne devienne la proie des foules.
Renseignements : 04.66.22.51.52.
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