ARTS
PAR J.-J. LEVEQUE
I L n'y a pas d'écrin plus approprié pour une telle exposition. Ces dessins sont contemporains de la maison où on les présente, cet atelier d'Ary Scheffer, devenu le musée de la Vie romantique et qui conserve vivant le souvenir des fastes du quartier de la Nouvelle Athènes dont il est l'un des plus séduisants fleurons.
Des uvres généralement modestes, qui relèvent plus de l'intimité du créateur que de l'éclat ostentatoire d'une uvre de salon. Et c'est bien le charme de telles feuilles généralement collectionnées par de véritables amateurs qui cherchent par les chemins les plus modestes à retrouver l'authenticité d'un artiste qu'ils admirent.
Romantique ? Après Valéry, on ne manquera pas de rappeler combien il est difficile d'en définir les limites, et, s'en tenant à des dates qui le situent dans ce XIX siècle débutant avec le fracas des exploits napoléoniens, débouche sur le vague à l'âme d'une épopée brisée et fourmille de talents multiples où l'on voit se confondre dans l'élan créateur peintres et écrivains.
Et c'est bien une autre particularité de cette manifestation de mettre sur la même ligne de front Delacroix et Hugo, Chasseriau et George Sand. Le dessin est donné à tous, surtout en une époque où il entrait dans le cursus d'une bonne éducation. On dessinait naturellement, sans pour autant s'estimer un artiste, mais comme l'expression naturelle d'une vie spiritualisée par la culture et l'émotion.
Il n'est pas nécessaire d'entrer dans le discours savant, érudit du commentateur pour apprécier un dessin qui se suffit à lui-même dans sa modestie.
Moment saisi au vol d'une Amoureuse au piano par Delacroix qui ne répugne pas de prendre ses babouches pour sujet ; fougue de la course des chevaux libres de Géricault qui est, là, dans son meilleur élément ou dans l'évocation de la bataille de Waterloo ; c'est bien le héros de la Semaine sainte auquel Aragon a donné un titre de vie légendaire. Comment ne pas se délecter de la liberté de Victor Hugo tirant de l'encre brune des paysages fantomatiques ? Grandville a réalisé ce que La Fontaine esquissait, en confondant comédie humaine et monde animal. Il en résulte cet éléphant en bourgeois. On ne peut que s'attarder devant cette Femme auprès de deux cadavres du « maître de maison », cet Ary Scheffer qui fit de la maison devenue le musée de la Vie romantique un haut lieu de ralliement de l'art et de la littérature. La voici, discrète, avec Théophile Gautier, George Sand (ne pas rater les salons qui lui sont consacré, riches de ses souvenirs) et le solitaire Gérard de Nerval, dont l'ombre errante est aussi passée par là.
Dessins romantique français provenant de collections privées parisiennes. Musée de la Vie romantique, hôtel Scheffer, 16, rue Chaptal. Tous les jours, sauf le lundi et les jours fériés, de 10 h à 18 h. Entrée : 30 F.
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