A quelques exceptions près, « il y a un problème d'accès aux soins pour les personnes se trouvant en zone d'attente », note Médecins sans frontières (MSF), qui fait partie des huit associations humanitaires, habilitées à proposer des représentants en vue d'accéder en zone d'attente*. C'est-à-dire des zones situées au niveau des ports, des aéroports et des gares, qui ne sont pas considérées comme territoire français, bien qu'elles soient localisées en France. Elles accueillent les personnes arrivées en France sans les documents nécessaires à leur séjour sur le territoire (passeports, visas, etc.) ainsi que des personnes en transit, cherchant à atteindre un autre pays et arrêtées au cours d'une vérification de papiers.
« Une grande partie de ces personnes sont des demandeurs d'asile, explique t-on à la Croix-Rouge française . Leur séjour en zone d'attente ne peut en principe excéder 20 jours ». A l'issue de cette période, soit elles ont accès au territoire français sous condition de faire les démarches nécessaires auprès de la préfecture (92 % des gens, selon la Croix-Rouge française), soit elles sont reconduites à la frontière.
90 % à Roissy
Il y a en France une petite centaine de zones d'attente ; la plus importante est située à l'aéroport de Roissy (région parisienne), qui absorbe plus de 90 % des personnes sans documents officiels. Chaque association humanitaire habilitée dispose d'un droit de 8 visites par an, par zone d'attente. A la Croix-Rouge française comme à MSF, une dizaine de personnes s'assurent, sur place, que les droits des étrangers ne sont pas bafoués. Elles recueillent les doléances et s'enquièrent des conditions d'hygiène.
Roissy accueille tellement de monde que le lieu d'hébergement des personnes en situation irrégulière et donc en attente n'a pas une capacité d'accueil suffisante. Beaucoup de ces personnes sont donc maintenues, dans les divers aérogares, au sein même des postes de police, consacrés « zone d'attente ». C'est là que le problème d'accès aux soins des étrangers est important.
« Les personnes qui veulent voir un médecin doivent adresser leur demande à un policier, raconte Marie de Sena (MSF). Ensuite, le médecin de l'aéroport est habilité à intervenir. En province, ce sont les médecins du SAMU, de SOS-Médecins ou encore les médecins de ville qui l'acceptent qui se déplacent. Les policiers disent que les plaintes portent principalement sur des maux de ventre, que c'est fréquent. Quelquefois, les personnes attendent plusieurs heures un praticien. Ce qui nous gêne, c'est qu'il y a une pseudo-évaluation médicale, faite par les policiers. Même si les maux de ventre sont d'origine psychosomatique dans de nombreux cas, ce n'est pas à eux de le dire. Par ailleurs, si un traitement est prescrit, ce sont encore les policiers qui distribuent les médicaments. En ce qui nous concerne, nous avons beaucoup de mal à accéder à ces zones ». D'autres dysfonctionnements dans l'accès aux soins existent : « Il est rare qu'un interprète soit présent lors des consultations. Or, la plupart des personnes en zone d'attente ne maîtrisent pas la langue française. la consultation est forcément amoindrie ». Désormais, les hôpitaux publics, quand ils sont appelés, peuvent avoir recours à un interprète. Les organisations humanitaires, notamment MSF, font régulièrement pression sur le ministère de l'Intérieur pour obtenir une amélioration des conditions de vie des personnes en zone d'attente. Depuis janvier 2001, le lieu d'hébergement de Roissy possède un cabinet médical, constitué d'un médecin et d'une infirmière.
* Un arrêté daté du 6 septembre 2001, paru au « Journal officiel » du 28 octobre 2001, fixe la liste de ces associations.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature