UNE ARRIVÉE en Inde est toujours un choc. Deux solutions pour se remettre : s’imprégner petit à petit en passant quelques jours à Bollywood ou, avant de rejoindre la minéralité aride du Rajasthan, se réfugier au Taj Mahal Hôtel et sa splendide piscine, qui est le cadre privilégié que choisissaient les maharadjahs et les princes indiens aux débuts du siècle dernier. Le « Taj » leur permettait de fuir le protocole tout en conservant la qualité de leurs prestations habituelles. Dans la « Tower Wing », partie moderne de l’hôtel érigée en 1972 aux côtés du palace centenaire, le très conceptuel restaurant Kong, au vingt-cinquième étage, offre une perspective unique sur la baie de Bombay.
Cap au Nord, on quitte la moiteur tropicale de la baie de Bombay pour l’air sec du désert de Thar. Les visages ont changé, les hommes, coiffés de leur turban de couleur vive, arborent fièrement de grandes moustaches. Toujours aussi chargé, le trafic de la rue indienne réserve de nombreuses surprises. Il n’est pas rare de croiser ça et là un éléphant ou un dromadaire tractant une carriole...
Pas de doute, vous êtes sur les anciennes terres des rajas, ou rois, de l’Inde du Nord. L’invasion par les musulmans au XIIe siècle a laissé la tradition du zénana, quartier réservé aux femmes, et du purdah, consistant à ne se montrer qu’aux membres masculins de la proche famille et au mari. D’où les magnifiques moucharabiehs, façades emblématiques du Rajasthan.
Chaque ville, autrefois gouvernée par des familles royales distinctes, a sa propre identité. Ces souverains à la personnalité bien trempée ont apporté à leurs grandioses résidences leurs touches personnelles, parfois issues des influences de l’empire Britannique.
Pushkar, cité sainte.
Jodhpur, la ville bleue dominée de son impressionnante muraille naturelle, est peut-être la plus variée des haltes du Rajasthan. Des remparts de la forteresse Meherangarh, l’oeil se perd sur les étendues du désert de Thar. A l’intérieur du palais, le musée abrite d’innombrables objets et attributs qui témoignent d’un glorieux passé : nacelles d’éléphant en or, poids pour tenir les tapis en os de dromadaire, haltères pour femmes serties d’ivoire. Chaque pièce est délicieusement décorée de fresques à la feuille d’or, de mosaïques de miroirs, de plafonds de marbre ouvragé. On est tout autant fasciné par la recherche de l’esthétisme dans chaque détail que dans l’architecture ingénieuse du palais. La lumière filtrée et le système de climatisation naturelle par courant d’air et filets d’eau garantissent la fraîcheur.
Quand on quitte les remparts de la forteresse, la chaleur et l’agitation vont croissant au fur et à mesure de la descente vers la vieille ville en contrebas. Le contraste est saisissant. L’étroitesse des rues garantit une certaine absence d’automobiles qui permet de profiter pleinement du grand bazar de la ville.
Autre surprise : l’hôtel Umaid Bhavan Palace, qui est un véritable musée de style Art déco. Transformée en hôtel depuis 1996 seulement, cette propriété du maharadjah de Jodhpur est l’une des plus grandes résidences privées du monde.
Si l’on manque de temps, on peut aller à Jaipur en avion, mais une étape par la route n’a pas son pareil pour aller à la rencontre du pays. C’est également le moyen de découvrir des lieux étonnants comme Pushkar, l’une des sept cités saintes de l’hindouisme. Cette petite ville, perdue dans un décor aride, semble exister en dehors du temps. La vision des maisons blanchies à la chaux, des innombrables temples et des ghats (escaliers) descendant au lac est un émerveillement.
Pour séjourner ou déjeuner, le Pushkar Palace est idéalement situé en bordure du lac. On y sert une cuisine exclusivement végétarienne, comme cela est la règle dans la ville, mais pas dans le reste du Rajasthan. Qu’elle soit végétarienne ou pas, la cuisine est l’un des traits essentiels de la culture du sous-continent indien. On goûte à une multitude de légumes savoureux mais aussi à de la viande - agneau, chèvre et poulet - en brochette, en marinade, en chausson, bouillie… Le thali, ou thal, du nom du plateau rond sur lequel il est servi, se compose de petits bols assortis de riz, de viande, de poisson, de légumes et d’une sucrerie. On peut déguster autant de thals qu’il y a de régions en Inde.
La ville en rose.
Jaipur, c’est la ville aux façades roses dont la plus célèbre est le palais du vent, un gigantesque moucharabieh qui permettait aux concubines royales d’observer discrètement les événements de la rue.
Passages obligés, l’opulent City Palace, où vit encore la famille royale, et l’étonnant observatoire construit en 1728 par le maharadjah-astronome Jai Singh II. Les cadrans solaires et autres appareils de mesure gigantesques s’avèrent encore aujourd’hui d’une incroyable précision. Le reste de la ville est en partie constitué d’un grand bazar d’échoppes, regroupées par corps de métier. Son intérêt est autant visuel que marchand...
Pour séjourner à Jaipur, le Rambagh Palace est probablement la résidence la plus raffinée du Rajasthan. Construite en 1925 à partir d’une résidence de chasse du maharadjah, la demeure a été transformée en hôtel en 1957. Ce palace entouré de son parc jouxtant les écuries et le terrain de polo donne véritablement un aperçu du luxe et de l’extravagance des familles royales. Les chambres qui s’ouvrent sur le parc ou les jardins intérieurs ont été entièrement rénovées dans le respect de la décoration originelle. La salle de restaurant est splendide et la cuisine excellente. On peut aussi s’offrir le luxe de nager sous les fresques de la grande piscine dans laquelle la dernière maharani venait encore nager chaque matin, il y a peu de temps.
Situé à 11 km de Jaipur, le fort d’Amber est un palais fortifié, dont la beauté saisissante se reflète dans les eaux d’un lac. Les maharadjahs avaient édifié cette bastide à flanc de rocher, avant de finalement s’installer dans la plaine. Malgré son caractère très touristique, la montée à dos d’éléphant jusqu’à la cour de la forteresse laisse un souvenir impérissable. Du haut de la mouvante nacelle, à près de trois mètres du sol, on peut admirer les jardins d’inspiration moghole et orientale en contrebas. L’intérieur du fort est une succession de cours et de jardins suspendus, de colonnades et de galeries entourant les riches appartements royaux.
De palais fortifié en palais de marbre.
Dernière étape, Udaipur et son palais de marbre rose flottant sur les eaux du lac Pichola. Cette ville, baptisée la « Venise de l’Orient », est admirablement située en bordure d’un lac entouré de brumeuses collines. Dans une lumière ocre, très indienne, se font face les palais d’hiver et d’été de l’ancienne famille royale.
Le City Palace, palais d’hiver aux multiples balcons, est le plus grand ensemble palatial du Rajasthan. Dans la partie accessible à la visite, on peut notamment admirer une collection de peintures miniatures, à détailler sans fin.
Au milieu de l’eau, le Lake Palace, transformé en hôtel depuis 1971, offre une vision totalement irréelle. Pour profiter de la magie du lieu, il faut absolument s’offrir une nuit au palais, dont l’intérieur est doté de petits jardins et de pièces d’eau, fort appréciés des oiseaux. Cet hôtel, récemment restauré, allie le charme et le confort. On peut ainsi profiter de la piscine, protégé des regards indiscrets par un habile système de persiennes, puis savourer les bienfaits d’un massage ayurvédique.
Le parfum des herbes de la pharmacopée indienne et l’encens des patios du Lake Palace vous accompagneront longtemps à votre retour en France.
Pour partir
TRANSPORTS :
Vol direct quotidien Paris-Mumbai et Paris-Delhi avec Delta Airlines, à partir de 549 euros A/R. Plusieurs vols directs hebdomadaires en partage de codes avec Air France. Renseignements : Delta Airlines, tél. 0800.35.40.80 (appel gratuit) et www.delta.com.
FORMALITÉS :
Passeport valable 6 mois après la date de retour. Visa obligatoire.
CLIMAT :
Type désertique, avec des nuits très fraîches.
SANTÉ :
Traitement antipaludéen a priori non nécessaire. Se renseigner en fonction du circuit et de la période de l’année.
DÉCALAGE HORAIRE :
+ 4 h 30.
MONNAIE :
La roupie indienne (1 euro = 56 roupies environ).
SÉJOURS :
La Compagnie des Indes et de l’Extrême-Orient propose un circuit de 15 jours en voiture individuelle avec chauffeur, hébergement en hôtel de charme et petits palais, à partir de 1 825 euros. Sur la même base, circuit de 12 jours avec hébergement dans les palais-hôtels Taj, à partir de 2 825 euros Paris-Paris. La compagnie propose des séjours à la carte dans les hôtels Taj : Umaid Bhavan (Jodhpur), Rambagh (Jaipur), Lake Palace (Udaipur), Taj Mahal (Bombay).
LIRE :
Guide du routard, Lonelyplanet. « Une princesse se souvient », de Gayatri Devi (Ed. Kailash).
RENSEIGNEMENTS :
– Office national indien du tourisme, 13, bd Haussmann, 7509 Paris, tél. 01.45.23.30.45 et www.tourismindia.com et www.incredibleindia.org.
– Compagnie des Indes et de l’Extrême-Orient, tél. 01.53.63.33.40 et www.compagniesdumonde.com.
– Hôtels Taj, tél. 0800.908.338 et www.tajhotels.com.
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